Yang : Designed for Disaster

Yang : Designed for Disaster

Cuneiform Records / Mandaï Distribution

4ème album pour Yang, ce groupe français de musique progressive créé il y a maintenant plus de vingt ans. La composition du groupe s’est stabilisée autour du leader Frédéric L’Epée (guitare, synthé, compositions) : Laurent James (guitare), Nico Gomez (basse) et Volodia Brice (batterie) font partie du quartet depuis leur 2ème album (« Machines » en 2009). Frédéric L’Epée, parlons-en : il est un des pionniers du mouvement progressif en France. Il est à l’origine de Shylock, un des projets français les plus innovants dans le genre dans les années 70. Après deux albums, le groupe se sépara (notons cependant qu’il se reforme épisodiquement pour des prestations live dans des festivals prog aux quatre coins du monde). On retrouve Frédéric L’Epée dans un projet assez similaire, Philarmonie, qui sortit cinq albums dans les années 90.

La suite logique est ce Yang avec certains éléments qui firent les beaux jours des deux groupes précités : une musique instrumentale et puissante axée sur la guitare, intelligemment construite même si complexe et mystérieuse, mélodiquement accessible, avec quelques touches de jazz-rock. Comme à l’époque de Shylock, la proximité avec King Crimson période 73-74 est frappante, même si Yang possède sa personnalité propre. A ce sujet, petite nouveauté sur cet album : le groupe a invité une vocaliste sur cinq morceaux, la chanteuse turque Ayse Cansu Tanrikulu. Par moments, on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec des groupes comme Hatfield & the North ou National Health (et leurs voix féminines célestes), voire avec le premier album de Bill Bruford (avec Annette Peacock au chant). A d’autres moments, le timbre de la voix a un petit côté Kate Bush. Un dernier mot sur la production de l’album : comme sur leur disque précédent, on trouve, avec Frédéric L’Epée, Markus Reuter qui, une fois de plus, fait un splendide travail d’« organisateur ». Un must pour les amateurs de musique progressive.

Sergio Liberati