Yannick Peeters : GingerBlackGinger

Yannick Peeters : GingerBlackGinger

W.E.R.F. Records / N.E.W.S

Dans le jazz, et dans une moindre mesure dans le rock, subsiste une vieille idée tenace selon laquelle la basse ne serait qu’un instrument d’accompagnement. L’histoire a depuis longtemps balayé ce préjugé. Yannick Peeters ajoute à ce démenti. Lors d’une interview publiée dans nos pages il y a deux ans, elle confessait son admiration pour ses pairs : Thomas Morgan, Michael Formanek, Charlie Haden et Mark Dresser. Évoquant plus particulièrement son projet GingerBlackGinger, elle expliquait penser sa musique en termes de contrastes : beau, laid, fort, calme, brut, pur, groovy… « Je veux que tout cela se retrouve dans une chanson », résumait-elle. Quelque peu retardé par le covid, GingerBlackGinger édite enfin un premier album par ailleurs présenté il y a peu lors du dernier Brussels Jazz Festival à Flagey. Au départ pianiste classique, devenue contrebassiste par amour pour l’instrument, Yannick a concrétisé ce projet en compagnie du guitariste Frederik Leroux, du saxophoniste/clarinettiste Frans Van Isacker et du batteur Tom Rainey. Dès la plage introductive, le ton est donné. La contrebasse impulse au morceau sa cadence cardiaque tandis que la guitare de Leroux entre en joute lyrique avec les cuivres, Rainey tentant d’arbitrer le tout. Sur « Copy/Paste », elle l’introduit tout en lui conférant une véritable ossature. Plus loin encore, Yannick pousse l’instrument dans ses retranchements les plus reculés. Au final, l’album témoigne de la belle complicité à l’œuvre au sein du quartet. Il tient aussi de l’esprit d’un workshop qui ne serait pas tout à fait terminé. Et cela lui confère assurément un charme assumé.

Eric Therer