Zizalie, Michaux, Patigny : I’ll Close my Eyes

Zizalie, Michaux, Patigny : I’ll Close my Eyes

Auto production

Pour certains, elle chante dans un style qui rappelle Doris Day et pour Marc Danval, présentateur de l’émission « La troisième Oreille » sur la RTBF, elle a « un talent singulier et une voix qui ne ressemble à aucune autre ». Ceux qui ne la connaissent pas encore vont pouvoir en juger par eux-mêmes : la chanteuse Zizalie vient en effet de sortir un album intitulé « I’ll Close My Eyes », enregistré en trio avec le claviériste Pascal Michaux et le batteur Tristan Patigny. Le répertoire d’une heure se compose d’une série de standards, pour la plupart issus de la période swing d’entre les deux guerres, comme « I’ve Got a Crush on You » de George et Ira Gershwin (1928), « If I Had You » d’Irving King  (1928), « Moonglow » de Will Hudson et Irving Mills (1934) ou « Easy Living » de Ralph Rainger et Leo Robin (1937). La voix est prenante, à la fois proche et chaleureuse, avec le phrasé et les modulations du jazz qui ajoutent de l’émotion là où il faut dans ces antiques chansons de plumes différentes.

L’accompagnement de Pascal Michaux est aussi classique qu’impeccable. Au piano, il assure les basses roulantes avec efficacité pendant le chant mais prend aussi régulièrement quelques solos empreints d’un swing léger. Sur quatre titres, il a troqué son piano contre un orgue Hammond, comme sur « Hallelujah (I Love Him So) » de Ray Charles qui groove du tonnerre. Issu d’une famille de musiciens professionnels et frère du pianiste de ragtime et de boogie Renaud Patigny, Tristan Patigny assure le tempo avec une frappe globalement discrète.

Évidemment, dans ce genre de jazz mainstream, vocal et féminin où les prétendantes sont légion, l’innovation est difficile voire impossible mais l’important est que le trio de Zizalie n’a rien à rendre à personne. Ce disque permettra aussi à ceux qui ont vu le trio en club de retrouver l’ambiance chaleureuse de leurs concerts et peut-être davantage. Sur sa page internet, Zizalie écrit : « … Quand on arrête de respirer à la fin d’une chanson, ce silence épais comme une manifestation discrète de notre amour … Quand je peux voir vos sourires, vos larmes, vos mains qui prennent d’autres mains, vos visages sereins, je me sens si reconnaissante que je saisis chaque seconde pour la transformer en éternité ». C’est la magie du jazz qui, dans la pénombre, fait naître toutes sortes d’émotions et tisse des liens d’affection.

Pierre Dulieu