Christian Escoudé : Ancrage
Label Ouest / L’autre distribution
En somme, ce nouvel album du guitariste vétéran Christian Escoudé est un retour aux sources. L’ancrage du titre s’effectue dans sa Charente natale où il est revenu habiter : c’est son Ithaque à lui, chargée de symboles et de souvenirs. En font partie, la nature, les premières rencontres musicales et l’amour pour toutes les musiques qui l’ont nourri comme le be-bop, le jazz west coast, la chanson française sans oublier l’éternel inspirateur que fut dès les débuts Django Reinhardt. Mais avant tout, « Ancrage » est une création d’un compositeur amoureux de belles mélodies et sonorités. Pour cet album en particulier, le leader a eu une envie de fréquences graves qui s’est traduite par le recours à la clarinette basse d’André Villéger et aux flûtes, dont une « alto » un peu plus grave que la traversière classique, de Ludivine Issambourg, des instruments qu’on peut notamment écouter sur « Unit Five » ainsi que sur le sophistiqué « Paul Desmond » dédié au saxophoniste du Dave Brubeck Quartet. Sinon, le quintet bénéficie également de la présence de deux anciens complices : Simon Goubert à la batterie et Antoine Hervier, partenaire régulier de Christian Escoudé depuis quelques années, très présent à l’orgue Hammond qu’il sait faire ronronner ou rugir selon les besoins. Quant à la guitare, privilégiant la musique sur la virtuosité, elle tient sa place au sein de l’orchestre sans s’octroyer une position prépondérante, accompagnant ou solotant dans les mêmes proportions que les autres instruments.
Du be-bop endiablé de « So Close So Far » au lyrisme de « A Time For Love », les neuf titres sont très différents, composant un répertoire diversifié et agréable à écouter. Et il y a une première : sur la reprise de « I’ll See You in My Dreams » en forme de clin d’œil tsigane à Django Reinhardt, Christian délaisse sa guitare à la fin du morceau pour chanter lui-même les paroles écrites en 1924 par Gustav Kahn. Ce disque sans esbroufe mais d’une grande musicalité est conçu pour durer : on ne se lasse pas de le réécouter avec un plaisir toujours renouvelé.