Tom Varner Nonet, Nine Surprises

Tom Varner Nonet, Nine Surprises

Tom Varner Nonet, Nine Surprises (Tom Varner Music)

www.tomvarnermusic.com

Le cor est un instrument peu utilisé dans le jazz, Tom Varner est l’un de ses rares représentants actuels. Après des études au New England Conservatory of Music de Boston, sous la direction notamment de George Russell et Ran Blake, il a étudié l’instrument avec Julius Watkins, un des rares musiciens à avoir fait du French horn un instrument soliste. D’abord apparu chez Claude Thornhill, le cor sera représenté dans différentes formations de Birth Of The cool (Gunther Schuller, Junior Collins), chez Gil Evans (Bob Northern), au sein du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden (Sharon Freeman) et du Lester Bowie’s Brass Fantasy (Vincent Chancey). De son côté, Tom Varner s’est fait connaître comme leader dès les années 1980, avec son quartet, en compagnie du saxophoniste alto Ed Jackson (album Soul Note); avec le même saxophoniste, et une série d’invités parmi lesquels Ellery Eskelin, il enregistre “The Mystery of Compassion” en 1992. L’un de ses meilleurs albums reste “Swimming” (Omnitone, 1999), enregistré en quintet avec Steve Wilson (saxophone alto), Tony Malaby (saxophone ténor), Cameron Brown (contrebasse) et Tom Rainey (batterie). Depuis quelques années, Tom Varner a quitté New-York pour s’établir à Seattle où il a formé un nonet avec une série de musiciens locaux. Parmi ceux-ci, plusieurs membres du Seattle Repertory Jazz Orchestra qui a notamment consacré un album à la musique sacrée d’Ellington. C’est le cas de David Marriott (trombone), Mark Taylor (saxophone alto), Steve Treseler (clarinette), Phil Sparks (contrebasse) et Thomas Marriott (un trompettiste qui a fait ses classes chez Maynard Ferguson). De leur côté, Eric Barber (saxophone ténor) a joué avec Wayne Horvitz ainsi que Vinny Golia et Byron Vannoy (batterie) avec Randy Brecker. “Nine Surprises” est une suite en 15 mouvements qui s’ouvre sur Main Theme, au tempo appuyé, pour se clore sur Reprise And Finale qui boucle la suite. Les autres longues plages (High Guys, Seattle Blues, Low Guys, Mali King County) sont entrecoupées de courtes séquences solos : Byron’s Sigh et Byron Is Ready (batterie), Phil speaks (contrebasse), One Thought (basse), Phil Whispers et Phil’s Advice (contrebasse), Eric’s Bad Day (saxophone ténor), Mark’s Good Day (saxophone alto) et Modern Love (cor). Cette suite est prolongée par Spackle, “a melodic interval order study” sur un rythme de valse et par Mele, une variation sur un chant de Noël hawaïen, avec une orchestration très influencée par Gil Evans. L’album illustre parfaitement le talent de compositeur de Tom Varner : une écriture sophistiquée qui use pleinement de la riche palette sonore du nonet et parvient à faire alterner moment de quiétude (Low Guys), blues (Sattle Blues) et tempo échevelé (Mali King County). L’album est aussi l’occasion de découvrir une série de musiciens américains peu connus en Europe (obnubilée qu’elle est par la scène new-yorkaise), notamment au travers de vigoureux solos. Outre celles du leader (Main Theme), on remarquera les envolées de Thomas Marrott et Eric Barber (Main Theme), Steve Treseler (l’intro de High Guys), Mark Taylor (Seattle Blues) et Jim Dejoie (Spackle). Une belle découverte.

Claude Loxhay