Away With Troubles And Anxieties !

Away With Troubles And Anxieties !

Discus

Agé de 72 ans le saxophoniste britannique de jazz s’est souvenu qu’il avait débuté sa carrière auprès de musiciens folk et nous propose, en ouverture de ce CD, la plage titulaire uniquement jouée à la flûte irlandaise (« penny whistle ») ! Il en offrira une autre version en finale, plus dense, mais elle sera tout aussi imprégnée dans le folk. Mais revenons-en à Paul. Sa carrière s’est poursuivie vers le be bop, le rock, le jazz. Il a joué avec Alice Coltrane et Johnny « Guitar » Watson et au sein de nombreuses formations dans lesquelles il a côtoyé quelques sommités : Tony Levin, Keith Tipett, Elton Dean entre-autres. Certains disent qu’il aurait joué sur quelque deux cents albums ! Ce qui est certain, c’est que ce dernier est le sixième qu’il publie chez Discus en deux ans ! Mais depuis longtemps, Paul Dunmal s’est tourné vers le free-jazz, vers l’improvisation. Il aime réunir des musiciens en studio et, même s’il donne les indices, les bases des compositions, il laisse souvent la spontanéité s’imposer. C’est encore le cas avec cet album sur lequel douze des treize titres furent enregistrés en un jour. Le treizième étant issu des sessions pour l’album « Red Hot Ice ». Autour de lui, et pour cette unique journée en studio, il a réuni une douzaine de jeunes musiciens, essentiellement de Birmingham, mais certains n’interviennent que sur certains titres, notamment Martin Archer, le boss du label, présent sur cinq titres au saxophone. Un petit big band avec beaucoup de cuivres, mais aussi guitare, piano, orgue, vibraphone, contrebasse et batterie. Sans oublier la présence d’un tanpura, une sorte de cithare qui se révèle bien efficace et qui apporte une belle touche de diversité au délicat « No Bad Karma Today ». Pour information, cet ensemble de musiciens a déjà performé, presque sous la même forme, pour l’album « Red Hot Ice » déjà nommé ci-dessus. Presque tous les morceaux sont l’aboutissement d’un premier enregistrement, peu de choses ont été remaniées par la suite pour la publication du résultat final. Qui génère un jazz proposant des choses convenues, d’autres plus rêches issues de la liberté offerte et elles ont le mérite de ne pas s’éterniser sur des longueurs interminables. Deux titres sont même en dessous de la minute, les autres varient entre trois et sept minutes. Ils proposent quelques fois du tonitruant, d’autres fois de la limpidité. Et entre combo jazz cuivré, improvisations free, jazz contemporain, solos de virtuoses et folk aux extrémités, on se retrouve avec un album bien versatile. Un résultat qui étonne vu sa brève durée de conception. Cela doit se nommer « le talent ». Un album sans « prise de tête » comme le suggère son titre.

Claudy Jalet