Das Kapital, Kind of Red

Das Kapital, Kind of Red

Das Kapital, Kind of Red (Label Bleu)

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Le saxophoniste allemand Daniel Erdmann est particulièrement actif sur la scène européenne : on avait pu le découvrir, voici quelques années, au sein d’une formule inédite de Mâäk, avec Laurent Blondiau, Jean-Yves Evrard(guitare) et Peter Jacquemyn (contrebasse), ensuite au festival Jazz Brugge de 2014, au sein d’un excellent trio, en compagnie de Vincent Courtois (violoncelle) et Robin Finker (saxophone ténor) ou, dernièrement, au festival de Reims, avec Heinz Sauer (saxophone ténor) et Christophe Marguet (batterie). On l’a entendu aux côtés d’Aki Takase, Louis Sclavis, Joachim Kuhn mais aussi du violoniste Théo Ceccaldi (“Velvet Revolution”). Mais la formation la plus connue est certainement Das Kapital, trio qu’il partage avec le guitariste danois Hasse Poulsen et le batteur français Edward Perraud. Né à Copenhague, Hasse Poulsen a rejoint le Berklee College of Music avant de se fixer à Paris en 1997. Il a notamment enregistré avec Louis Sclavis (“Napoli’s Walls”), Vincent Courtois ou le saxophoniste anglais Paul Dunmal (“His life and sayings”). Elève de Daniel Humair, Edward Perraud a non seulement une formation jazz mais aussi classique et contemporaine. Il a notamment croisé le saxophoniste américain Tony Malaby et le clarinettiste Sylvain Kassap mais aussi formé un groupe avec Benoît Delbecq (piano) et Bart Maris (trompette). Fondé en 2001, le trio Das Kapital a enregistré sept albums à l’univers souvent décalé : l’un consacré à l’arrangement de chansons de Noël, un autre dédié aux chansons d’Hanns Eisler, compositeur qui a collaboré avec le dramaturge Bertolt Brecht : rien d’étonnant à cela, Daniel Erdmann a étudié la musique à la Haute Ecole Hanns Eisler de Berlin, de 1994 à 1999, avant de se partager entre l’Allemagne et la France. Pour ce “Kind of Red”, rien que des compositions originales : deux d’Erdmann, quatre de Poulsen et trois de Perraud, avec des tempos variés (très rythmé comme Iris ou beaucoup plus lent comme Nothing Will Ever Be Enough Again). On y entend Erdman tantôt au soprano allègre (Claudia’s Choice, How Long, So Low),  le reste du temps au ténor, tantôt avec une sonorité chaude et apaisée (Just Like That), tantôt avec des envolées aylériennes (Au fond des yeux). Hasse Poulsen varie les registres de jeu à l’infini : guitare acoustique quasi folk sur l’intro de Webstern sur laquelle vient se superposer une guitare électrique aux sonorités rock saturées, guitare très jazz classique sur Just Like That, guitare électrique aux sonorités irisées sur Claudia’s Choice, effet de guitare hawaïenne sur Iris, mais sans imposer une réelle identité forte à l’image de Nguyen Le ou Manu Codjia. De son côté, Edward Perraud tisse un réseau complexe de percussions, avec un jeu subtil de cymbales. Un jazz venu du Nord, à l’image des trois musiciens de la pochette, figés dans une posture statique et coiffés de toques de fourrure.

Claude Loxhay