BadBadNotGood : IV
BadBadNotGood, IV
A leurs débuts, les jeunes blancs-becs de BadBadNotGood (Toronto, Ontario), s’employaient à reprendre des chansons phares de la galaxie hip-hop (A Tribe Called Quest, Kanye West, …) qu’ils mélangeaient subtilement à un jazz progressif. Ceci leur a permis d’attirer l’attention de Ghostface Killah, membre du légendaire Wu-Tang Clan, qui les présente comme étant « le futur de la musique » (sic), et avec lequel ils réaliseront « Sour Soul » en 2015. Ce magnifique album obtiendra sans doute le titre de pièce angulaire de la fusion jazz / hip hop d’ici peu de temps. C’est peu dire que les fans attendaient fiévreusement la suite. Ce « IV » démarre avec un instrumental, And That, Too, qui pourrait provenir de chutes de studio que Bowie aurait égarées lors de sa période berlinoise. Puis, ça dérape déjà un peu… Speaking Gently (comme deux ou trois autres titres de l’album) semble avoir été enregistré pour servir de support sonore à une série américaine kitsch des années septante. On oublie tout ça : le baveux Time Moves Slow, chanté par Sam Herring, nous plonge dans les ambiances des plus belles années soul du label Stax. Quelques envolées de power jazz (notamment Confessions Part II avec le saxophoniste Colin Stetson en guest survitaminé) renforcent nos convictions quant au potentiel du groupe. Mais en définitive, seul Hyssop of Love (featuring le rappeur de Chicago Mick Jenkins au micro) tiendrait la distance sur « Sour Soul ». Le quatuor n’a sans doute pas (encore) vendu son âme au Diable. Il a joué (et perdu…) la carte de l’éclectisme comme s’il recherchait une voie de secours, alors qu’il avait déjà déniché le bon filon. Gageons que ce disque (nous ne sommes pas dupes… « IV » est bien le cinquième album studio du groupe) n’est qu’une courte et déconcertante parenthèse que BadBadNotGood refermera rapidement.
Joseph « YT » Boulier
NB : Le groupe sera en concert à l’Ancienne Belgique le 3 novembre.