The Great Jazz Gig In The Sky
Boris Savoldelli / Raffaele Casarano / Marco Bardoscia,
The Great Jazz Gig in the Sky
« The Dark Side of the Moon » de Pink Floyd (1973) dégage pour certains le goût sucré d’une madeleine de Proust. Beaucoup de disques que nous idolâtrions dans notre enfance sont bien moins fréquentables que ce monument financier (il figure parmi les plus grosses ventes de tous les temps) et populaire (plus de dix-sept années de présence au Billboard 200, classement américain des meilleures ventes !). A la pointe technologique pour l’époque (premières utilisations des synthétiseurs analogiques, enregistrements quadriphoniques seize pistes, …), « Dark Side » mérite l’appellation contrôlée d’album mythique, même si celle-ci est parfois délivrée un peu à tort et à travers. Bref, et après tant d’autres (citons au hasard le groupe de métal Dream Theater), un trio de jazz italien ose la relecture complète et dans l’ordre, de chaque titre de l’œuvre. Une gageure ! Principale difficulté : dévoiler la face cachée de la lune sans en dénaturer le concept. Pour rappel en effet, « Dark Side of the Moon » fait référence, non pas à l’astronomie, mais bien à la détérioration de l’état psychique de Syd Barrett, qui fut le créateur et principal compositeur de Pink Floyd dans les années soixante. Dans l’ensemble, le trio (contrebasse, saxophone, chant, appuyé par des effets électroniques) s’en sort plutôt bien, en contournant les pièges posés sur l’album original. Comment aborder la musique du Floyd en utilisant (quasiment) pas son instrument stratégique (la Fender de David Gilmour) ? Comment échapper au ridicule au moment d’aborder le solo vocal improvisé par Clare Torry pour le titre « The Great Gig in the Sky » ? Si on peut regretter ça et là quelques fautes de goût (le chant parfois trop maniéré de Savoldelli, le solo de … guitare sur « Us and Them », quelques étirements inutiles), nous devons par ailleurs reconnaître que ce disque répond aux questions posées plus haut et à notre attente.
Joseph « YT » Boulier