Loustalot – Chesnel – Paganotti, Pièces en forme de flocons

Loustalot – Chesnel – Paganotti, Pièces en forme de flocons

Yoann Loustalot – François Chesnel – Antoine Paganotti

Pièces en forme de flocons

BRUIT CHIC

En parallèle avec Lucky Dog qu’il co-dirige avec le saxophoniste Frédéric Borey et son trio Aérophone qui va bientôt accueillir, pour un nouvel album, le tromboniste Glenn Ferris, le trompettiste Yoann Loustalot côtoie depuis longtemps le pianiste François Chesnel. Diplômé du Conservatoire de Caen, le pianiste normand a formé le groupe Verona (album “La solitude du roi”) et a enregistré “Japanese Songs” en duo avec le tromboniste Thierry Lliver et “The Wee Small Hours” en trio. 

Yoann Loustalot et François Chesnel ont enregistré plusieurs albums ensemble. Tout d’abord, “Derniers Reflets” (label Bruit Chic). Aux côtés de Yoann Loustalot et de François Chesnel, on retrouve Blaise Chevallier à la contrebasse et, à la batterie, Antoine Paganotti qui a, notamment, fait partie du trio du guitariste Pierre Perchaud. Au répertoire, dix compositions originales de Yoann et une du pianiste (Hibernatus) : une musique intimiste, tout en nuances comme le suggèrent certains titres poétiques (Premier reflet, Mélodie oubliée, Heures perdues, Sous la glace), de belles intros de Yoann (Après la neige, Heures perdues), des thèmes langoureux (Promenade avec Tomasz, Deuxième Reflet), d’autres au tempo plus enlevé (Dans les feuilles, Vers luisants).

Yoann a aussi retrouvé François Chesnel pour Kurt Weil Project. Pour l’album “Le Voyant”, aux côtés des deux amis, le contrebassiste Eric Surménian, le batteur Ariel Mamane et, sur trois plages (One And Only, Le Voyant, Liebeslied) Victor Michaud (cor) se joint au quartet. Le répertoire comprend cinq compositions de Chesnel et six de Kurt Weil : Prologue, Epilogue, Salomon Song, trois pièces extraites de l’Opéra de quatre sous de Brecht, mais aussi Nana’s lied, Liebeslied et cet Alabama Song que Gil Evans avait déjà repris. L’occasion de revisiter de manière originale quelques mélodies aux accents populaires de ce compositeur engagé.

Enfin, on retrouve Yoann Loustalot et François Chesnel pour Pièces en forme de flocons, un album enregistré, en condition live, au club Le Petit Faucheux de Tours, un club dynamique qui a eu, par le passé, son propre label et un magazine (Jazz Actuel). Au répertoire, quatre compositions de Yoann, trois de Chesnel et une du trompettiste Pierre Millet: une musique tout en légèreté et délicatesse. Cette formule intimiste en trio met parfaitement en valeur toute la palette sonore de Yoann Loustalot : sonorité franche de la trompette (Petite liturgie), sonorité ouatée du bugle (Towers, Quelque chose, Doloroso, Peace Peace), approche feutrée de la trompette bouchée ( Chemin céleste, Barrage), y compris dans des ballades à l’atmosphère langoureuse (Pièce en forme de flocons, Peace Peace). Si Yoann cite volontiers Miles et Art Farmer parmi ses références, on pourrait, peut-être, ajouter ici celle de Kenny Wheeler dans ses formules intimistes avec John Taylor.

Au piano, François Chesnel fait alterner doigté tout en  délicatesse (Chemin Céleste, Towers) et déluges d’accords plaqués en intro de certaines pièces (Barrage, Petite liturgie). Tout au long de l’album, Antoine Paganotti, le plus souvent aux balais, adopte un jeu tout en légèreté. Suite de paysages impressionnistes, ce projet Pièces en forme de flocon apparaît comme l’album personnel le plus abouti de Yoann.

Claude Loxhay