Tom Guarna, The Wishing Stones
Tom Guarna, The Whishing Stones
Un guitariste qui sort un nouvel album avec la rythmique de Wayne Sorter – John Patitucci et Brian Blade – ne peut qu’allumer la curiosité. D’autant que le pianiste du projet n’est autre que le co-fondateur du « Brian Blade Fellowship » ( et pour les jazzfans belges, le pianiste de l’ album « Virgo » de Nic Thys datant de 2008 et paru chez Pirouet Records où on trouve aussi Chris Cheek, Ryan Scott et Dan Rieser). D’où vient donc ce Tom Guarna, leader de ce projet « The Wishing Stones » ? Né à Brooklyne, Tom Guarna étudie la guitare classique au Conservatoire de Brooklyn, tout en s’immergeant dans la musique rock de Jimi Hendrix et Jimmy Page. Il découvre alors le jazz, suit les cours de John Abercombie et est engagé par le groupe « Blood Sweat and Tears » pour une tournée de trois ans. Il n’attendra pas des années avant d’être repéré par Chick Corea, Branford Marsalis, Randy Brecker, Mulgrew Miller… La liste est longue. Depuis 2005, il tourne avec son propre groupe et enregistre sept albums personnels, dont ce tout chaud « The Wishing Stones ».
La chaleur du son de la guitare de Tom Guarna frappe d’emblée sur les premier morceaux de l’album, toutes des compositions du guitariste qui intègrent de multiples influences allant du jazz pur au funk, sans pour autant qu’on puisse citer de référence à l’un ou l’autre guitariste – quoique Metheny pointe son nez sur quelques morceaux . Sur « Modules », le guitariste démontre un sens de la tradition évident dans un solo très libre et décontracté, mais d’une précision redoutable ; Jon Cowherd s’engouffre dans l’espace laissé par le guitariste, le final prenant la forme d’un quatre-quatre à l’ancienne. Tom Guarna se montre aussi très lyrique sur « Moment=Eternity ». « The Wishing Stones » prend des petits accents latins aériens auxquels le drumming de Brian Blade insuffle une modernité de tous les instants, tout comme le « tricotage » de Patitucci sur le solo du pianiste, un régal, avant le superbe solo du leader. Le jeu tout en finesse de Brian Blade transcende par ailleurs l’album de bout en bout. La combinaison de deux instruments harmoniques, piano et guitare, pour piégeuse qu’elle puisse être, se révèle ici parfaitement équilibrée, l’espace de chaque instrument étant défini par les deux musiciens avec un feeling sensible et discret. Un jazz pur, chantant et admirablement interprété par un quartet de choc. « Jouer avec ces gars derrière moi, c’est comme voyager sur le tapis volant le plus douillet que vous puissiez imaginer» dira le guitariste. OK, Tom, encore faut-il savoir mener ce tapis magique à bon port, et ta musique y arrive avec élégance et maîtrise.
Sortie de l’album le 10 novembre.
Jean-Pierre Goffin