Pépites 16#, around jazz
Around Jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Oiseaux-tempête, Tarab
Les voyages forment la jeunesse et tissent des liens solides entre les explorateurs, ces défricheurs d’émotions qui, au gré de leurs découvertes nous en apprennent toujours un peu plus et un peu mieux sur notre Monde, puis sur nous-mêmes. Ces voyages, le groupe parisien à géométrie très variable Oiseaux-tempête, s’y est abonné dès sa naissance. En Grèce (un album éponyme en 2013), au Liban (« Al-’An ! » il y a un an) ou en Turquie, le duo Frédéric D. Oberland/Stéphane Pigneul a puisé la quintessence d’un talent largement méconnu qu’il aura eu l’audace d’extirper des caves de l’underground local. Que le duo Two Or The Dragon ou encore Charbel Haber aient poursuivi amicalement l’aventure lors de la tournée qui a succédé à la sortie du disque « Al-’An ! » a quelque chose d’extrêmement rassurant ! Tout, voire rien, n’est plus tout à fait pourri en ce Monde. Sur ces prises captées en « live », la formation de base se trouve donc renforcée. La densité du chant (?) d’un G.W. Sok absolument possédé (« Tuesday And The Weather Is Clear », un poème de Mahmoud Darwish) et les arabesques électroniques du Toulousain Mondkopf ajoutent un véritable bonus à ce « Tarab » d’une tension et d’une force inouïes !
Concerts à ne pas rater : Au Festival de Livresse (Charleroi) le 26 octobre et au Brass (Forest) le 27 octobre.
Frédéric D. Oberland, Labyrinth
Entre deux voyages et entre deux tournées, le co-leader des Oiseaux-tempête, Frédéric D. Oberland, a consacré quelques journées à l’enregistrement de son deuxième album solo. Pas tout à fait en vérité, puisque le percussionniste Jules Wysocki l’a épaulé dans cette tâche. De percussions (ou plus précisément de rythmes), il n’en sera pratiquement jamais question. Ce « Labyrinth » au tracé éthéré représente une version raccourcie d’une installation sonore et visuelle réalisée dans le cadre de l’exposition « Intériorités, la Traversée des Inquiétudes » (Labanque Béthune 2017/2018), dont le titre évoque déjà une idée assez précise sur son contenu. Un peu à la manière d’un David Sylvian dont on se souvient d’un « Ember Glance » tout aussi introspectif, le multi-instrumentiste parisien nous emmène sur des chemins rêches et riches qui, sur la longueur d’un lent apprivoisement déclinent des paysages aux contours passionnants.
Good Luck In Death,
They Promised As A Bright Future…
Le titre complet est “They Promised As A Bright Future, We Were Content With An Obscure Past” ! Dans la galaxie de ces Oiseaux-là, on croise régulièrement le musicien Paul Régimbeau (prononcez Mondkopf) qui apporte au duo de post-rock sa touche électronique décalée et mélodique. On le retrouve ici au sein d’un duo dont l’autre élément figure lui aussi au générique des derniers enregistrements des Oiseaux-tempête (le guitariste avant-gardiste libanais Charbel Haber). Cet album, au titre interminable mais significatif se compose de quatre longues plages stratosphériques (une marque de fabrique pour le label Nahal ?) dont la beauté solennelle (quasi mystique) vous échappera si vous vous laissez distraire durant l’écoute… Ce serait dommage !
Joseph « YT » Boulier