Del Ferro – Vaganée Group : Happy Notes
Del Ferro – Vaganée Group, Happy Notes (WERF)
L’Amstellodamois Mike Del Ferro et le Malinois Frank Vaganée sont deux musiciens de la même génération : le premier est né en 1965, le second en 1966. Dans les années 1990, ils ont formé un solide quartet qui a enregistré successivement les albums “Introducing” (1993), avec Stefan Lievestro à la contrebasse et Hans van Oosterhout à la batterie, puis “Live” en 1995, Sal La Rocca succédant alors à Lievestro : deux albums gorgés de swing revigorant. Lors des débuts du Brussels Jazz Orchestra, Del Ferro fut un temps le pianiste du big band dirigé par Vaganée, entre autres lors du festival du Middelheim de 1995 (enregistrement de la VRT), mais il a aussi croisé la route de Toots et des Américains Jack DeJohnette (batterie), Randy Brecker (trompette) ou Harold Land (saxophone ténor). Pour cette session enregistrée au Bijloke Studio de Gand, les deux anciens compagnons sont entourés de Jos Machtel, contrebassiste du Brussels Jazz Orchestra et de Jens Düppe, le batteur du quartet du vibraphoniste Pascal Schumacher : une rythmique attentive et solide. Au répertoire, comme il y a près de 20 ans, une série de compositions personnelles, six du saxophoniste et cinq du pianiste. Bien sûr, on est ravi de retrouver le groove survolté de Del Ferro (Triolette, Little Tooth, Reunification) auquel succède souvent ici un franc lyrisme mélodique (Seconds, Kenya, Saturday) mais, peut-être, encore plus de réentendre l’alto incisif de Frank Vaganée : ses multiples projets avec le Brussels Jazz Orchestra au sein duquel il ne prend pas toujours de solo avaient quelque peu mis entre parenthèses ses qualités de soliste à part entière, si l’on excepte son album “Two Trios” (1999), enregistré avec John Ruocco (saxophone ténor), sa participation à Saxkartel en 2007 et au Chris Joris Experience, avec l’album “Marie’s Momentum” (2010). Que ce soit sur les tempos soutenus, comme ce Frankly My Dear en écho à Monk et le sautillant Happy Notes, ou sur les ballades intimistes (Pat, I’ll Wait For You), on retrouve la sonorité ample et franche de l’altiste. Des retrouvailles pleinement réussies qu’on se réjouit de découvrir en concert.
Claude Loxhay