Jacques Pirotton : Stringly 612
Jacques Pirotton, Stringly 612 (Homerecords)
Un coup d’oeil rapide sur le line up : Jacques Pirotton (guitare), Stephan Pougin (batterie, percussions), Steve Houben (saxophone alto), Philippe Thuriot (accordéon). La suite de “Old Woes New Wail” du Pirotton-Houben Incorporation, l’album le plus électrique du guitariste liégeois ? Vous avez tout faux. Ici, le grand Jacques ne joue que de la guitare acoustique : une Lowden six cordes sur six plages et une Bruno Baratto douze cordes sur quatre titres. Depuis “Old Woes New Wail” enregistré entre 2003 et 2004, Pirotton s’est largement consacré à la guitare acoustique, que ce soit avec le quartet de l’album “Parachute” (2008 )ou le PiWiZ Trio, et il a partagé nombre d’aventures trans-jazz aussi bien au sein de Moonly Delights du contrebassiste André Klenes, qu’en compagnie du saxophoniste Roby Glod ou du violoniste Kieran Fahy. Ensuite, ici, aux côtés d’un Stephan Pougin omniprésent, Boris Schmidt, le contrebassiste des chanteuses Natacha Wuyts, Christel Wautier ou Fanny Bériaux, a succédé à Sam Gerstmans (beau solo sur La Théorie des Cordes) et, si Philippe Thuriot intervient comme invité sur cinq titres (accordéon sur 4 titres, voix sur Vague à l’Âme), Steve Houben n’est présent que sur la dernière composition intitulée Sarah, en souvenir d’une amie d’enfance. Enfin, produit par Homerecords, ce “Stringly 612” n’est pas qu’un simple album de jazz de plus. C’est un voyage à travers toute la culture musicale de Jacques Pirotton : bien sûr, certaines compositions originales s’inscrivent pleinement dans la sphère jazz (Sarah ou ce Zartok emmené par un Stephan Pougin endiablé), mais c’est aussi l’occasion de revisiter Debussy (Et La Lune Descend Sur Le Temple Qui Fut), de lorgner vers une ballade folk irlandaise (La Théorie des Cordes), de se plonger dans un rythme 9/8 typique de certaines danses bulgares (Banitza), de rendre hommage à Carlos Paredes, maître de la guitare portugaise à 12 cordes qui a notamment enregistré, en duo, avec Charlie Haden, l’album “Dialogues” en 1990 (Coimbra), d’écrire une “mélodie bizarre sur des accords à l’envers” (La Valse Immonde) ou d’imaginer une suite d’accords qui ressemblent étrangement à The House Of The Rising Sun (Neige). Bref ce “Stringly 612”, c’est l’occasion de découvrir toutes les facettes de la riche personnalité musicale de Jacques Pirotton. A découvrir en concert, le 9 févriern à la Jazz Station, et le 23 au Centre Culturel des Chiroux, à Liège.
Claude Loxhay