The Roberta Martin Singers, 1947-1962
The Roberta Martin Singers,
1947-1962
Dans l’histoire du Black Gospel d’après la seconde Guerre Mondiale, Roberta Martin fait figure d’icone incontournable. Pianiste, chanteuse, compositrice, pédagogue, leader, chef de chorale, femme d’affaires (dans les éditions musicales), elle excellait dans toutes ces fonctions et son legs musical est inégalé. Or, curieusement, aucun programme de réédition ne s’était occupé d’elle et de ses groupes, jusqu’à aujourd’hui. Il a fallu attendre 2019 pour que cette lacune soit comblée grâce à la déterminations sans faille de Jean Buzelin, avec l’aide du grand spécialiste Robert Marovich qui nous offre deux titres que personne n’avait jamais entendus. On doit beaucoup aussi à l’empathie de la maison d’édition Frémeaux et Associés. Un coffret de 3 albums et un livret de 28 pages, denses et bien documentées, sont là pour répondre à cette longue attente. Chaque album couvre une période bien déterminée : pour le disque 1, c’est 1947 à 1952, avec les 4 premiers enregistrements pour Fidelity et Religious Recording et 4 autres pour Martins Studio (dont 2 fournis par Marovish), une compagnie éphémère fondée par Roberta Martin elle-même, le tout gravé à Chicago. Les 16 autres faces ont été enregistrées à New York dans les studios Apollo. Bien sûr, la carrière de Roberta Martin avait commencé bien avant 1947. Née à Héléna (Arkansas) en 1907, Roberta Evelyn Winston avait appris le piano dès l’âge de 6 ans. Elle a poursuivi ses études à Chicago où ses parents s’étaient installés en 1919 après un court passage à Cairo (Illinois). Un de ses professeurs de la Northern University l’incita à embrasser une carrière de concertiste, mais à 15 ans, Roberta a déjà compris que c’était une voie périlleuse voire inaccessible pour une Africaine-Américaine. Sa rencontre avec Thomas A.Dorsey (le ‘Père’ de la Musique Gospel) fut décisive, elle accepta la direction d’une chorale de jeunes à la Pilgrim Baptist Church en 1932. C’est là qu’elle va rencontrer une partie de ses futurs chanteurs comme Eugene Smith (12 ans), Robert Anderson (14 ans), Willie Webb (14 ans), Norsalus McKissick (10 ans) etc. Les Roberta Martin Singers furent fondés en 1935 et leur succès alla en grandissant, jusqu’aux premier enregistrements. Ensuite, ce fut la gloire ! Entretemps, en 1939, R.Martin avait fondé sa propre maison d’édition musicale, le Roberta Martin Studio of Music. Une première chanteuse, Bessie Folk, était venue rejoindre les chanteurs, suivie peu après par Delois Barrett, une soprano extraordinaire de 17 ans. En réalité, c’était le premier groupe mixte de l’histoire du gospel. Pendant la période Apollo records d’autres chanteuses se joindront au groupe comme Lucy Smith-Collier, Myrtle Scott et Myrtle Jackcon. C’est tout ce beau monde qui dynamise ce premier cédé avec Roberta Martin elle-même ( He Knows How Much You Can Bear, What A Friend We Have In Jesus), Delois Barrett (Yield Not To Temptation, Oh Say So), Eugene Smith (Satisifed, I’m Sealed, Oh Lord Stand By Me), N.McKissick ( Precious Memories, The Old Ship Of Zion), Bessie Folk (Only A Look, Tell Jesus All) etc. Quant au deuxième cédé (1953-1958), les 12 premières faces remontent toujours à la période Apollo, avec les mêmes exploits vocaux que ceux décrits ci-dessus. Les 13 titres suivants marquent les débuts de la période Savoy Records avec des enregistrements à New York et l’arrivée de nouvelles chanteuses et des départs : Gloria Griffin apporte son talent au groupe (Nobody Knows avec Lucy Smith orgue, Certainly Lod, God Specializes) tandis que Delois Barrett continue à enchanter ses auditeurs (Teach Me Lord avec L.Smith orgue, Have You Found A Friend, Come Into My Heart, He’ll Make You Happy, Back To The Fold, de même que Roberta (I’m Gonna Praise His Name, Sinner Man Where You Gonna Run To ?, Ride On King Jesus), Eugene Smith (Walk In Jerusalem avec Lucy Smith à l’ogue, Marchuing To Zion, Shine Heavenly Light), McKissick (He’s Using Me en duo avec Eugene Smith, Since I Met Jesus ), Lucy Smith à l’orgue (Every Now And Then etc.. Enfin le Volume 3 (1959-1962) puise lui aussi dans le catalogue Savoy avec les mêmes chanteuses et chanteurs. Le plaisir éprouvé à l’écoute reste le même, relancé de plage en plage… bref, ceci est un must !
Robert Sacre
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