Pépites #35, Around Jazz

Pépites #35, Around Jazz

Around Jazz, quelques pépites…

C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.

Retour à Gondwana

Le label alternatif anglais Gondwana Records célèbre ses dix ans d’existence. Dix ans : un compte bien rond, prétexte à la fête et aux hommages. La fête, vous la vivrez ce samedi 27 avril à l’Ancienne Belgique de Bruxelles, qui accueillera sept formations hébergées par le label, à l’occasion d’un mini-festival ciblé. L’hommage, c’est dès aujourd’hui, dans la rubrique « pépites » de Jazz Around.

Dix ans en effet que le trompettiste Matthew Halsall a fondé ce label, dont l’objectif primaire était de soutenir les musiciens de la scène mancunienne.. Les premières signatures locales (John Ellis, Phil France, Chip Wickman) seront suivies par d’autres plus internationales, ce qui permettra à Gondwana Records de prendre de l’ampleur et de connaître une renommée florissante. Le nouveau jazz anglais doit beaucoup à Matthew Halsall, ce défricheur insatiable. Après ses figures de proue hier (GoGo Penguins, Mammal Hands, Portico Quartet), place aujourd’hui aux nouveaux talents étrangers qui se fondent admirablement bien dans le moule « Gondwana ». On pense particulièrement aux Anversois de Stuff., mais aussi à la chanteuse australienne Allysha Joy et, dernière signature en date prometteuse, à la pianiste polonaise Hania Rani.

Petit tour d’horizon d’une caravane musicale qui a aussi fait escale (et salles combles) à Londres, Manchester (évidemment), Tokyo et Berlin…

A l’heure d’écrire ces lignes, il ne nous est pas encore possible de vous présenter la soirée dans son ordre chronologique. On démarre donc cet inventaire en toute subjectivité avec les Anversois de Stuff (avec un « . »). Presque les régionaux de l’étape. Presque car s’ils jouissent d’une large reconnaissance au-delà de la frontière linguistique et même un peu plus loin, plus bas au Sud, les amateurs n’ont pas encore réellement mordu à l’hameçon de cet electro-jazz dansant. Mais nul doute que leur deuxième album joliment intitulé « Old Dreams New Planets » (leur premier pour Gondwana) contribuera à rectifier cette injustice. Lire à ce sujet la chronique « pépites #25 ».

A la parfaite convergence du trinôme jazz/electro/dance, on retrouve le Portico, réuni à nouveau en quartet depuis que le joueur de hang-drum Keir Vine a réintégré la formation. Auteurs d’un résurrectionnel « Art In the Edge Of Automation » – chronique « around » ici – les Londoniens déplaceront le curseur haut sur la console dance, comme nous avions déjà pu l’apprécier il y a un an au Festival Mithra Jazz à liège.

On ne quitte pas tout à fait l’electro-jazz avec les deux formations qui suivent. De Phil France, on connaît essentiellement le rôle primordial qu’il a joué au sein du Cinematic Orchestra, en qualité de bassiste, mais aussi de producteur. Pour son nouvel (et deuxième) album pour le compte de Gondwana, le conceptuel « Circle », il enfile sa tenue de producteur pour nous proposer une musique ambient à la croisée des chemins empruntés par Steve Reich (pour le côté minimaliste) et… Vangelis pour la sonorité des synthétiseurs. Ce sont ses deux sources d’inspiration avouées. De leur côté, les frères Smart, soit les deux-tiers de la formation de folk-jazz Mammal Hands, présentent leur vision enivrante du jazz, qui repose sur une base electro (quasiment techno) solide, sur laquelle viennent se greffer quelques touches acoustiques planantes (piano, clarinette basse et saxophone). Leur premier EP « Flicker » enregistré sous le patronyme Sunda Arc s’accommode aussi bien des pistes de dancefloor que des clubs de jazz. On se réjouit d’entendre ça.

PHIL FRANCE

HANIA RANI

On aurait pu commencer cette revue de troupes par le boss, Matthew Halsall qui sera bel et bien présent avec son Gondwana Orchestra. Pour avoir vu le trompettiste à l’œuvre au C-Mine festival de Genk il y a quelques années, on peut affirmer que les spectateurs apprécieront le jazz cocoon de cette star du nouveau jazz. Pas d’actualité discographique à vous proposer en ce moment. Le quartet electro-soul Noya Rao viendra nous présenter le tout chaud « Owls EP ». Dans la lignée d’un jazz mélodique qui vous fait bouger les jambes et secouer la tête. Une production léchée signée Tom Henry et une prestation exceptionnelle de Olivia Bhattacherjee au chant.

La pianiste néo-classique polonaise Hania Rani, dernière signature en date du label Gondwana clôture cet inventaire éclectique et passionnant. Son tout nouvel album « Esja » a été enregistré en solo et à la maison. Techniquement, on la situe davantage dans le registre de Wim Mertens plutôt que celui d’un Keith Jarrett. Côté inspiration, on soupçonne qu’elle a plus écouté Philip Glass que Thelonious Monk. « Esja » est une magnifique « profession de soi »…

Yves « Joseph Boulier » T.

 

Stuff, Old Dreams New Planets

Portico Quartet, Untitled (AITAOA #2)

Phil France, Circle

Sunda Arc, Flicker EP

Noya Rao, Owls EP

Hania Rani, Esja

Mais aussi la compilation commémorative « Gondwana 10 »

 

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