Théo Ceccaldi-Roberto Negro, Montevago
Théo Ceccaldi-Roberto Negro,
Montevago
BROUHAHA/L’AUTRE DISTRIBUTION
Depuis « Danse de Salon » (2016), premier essai transformé de la paire de centres Ceccaldi/Negro, dont on a vanté sur tous les tons la diabolique habileté à traverser les climats et les esthétiques les plus contrastés (rock, musique classique, jazz, j’en passe), ensemble ou séparément, le violoniste et le pianiste ont conduit de multiples projets, dans de nombreuses directions, du solo absolu aux grand orchestre. L’air de rien, en tricotant… Ce disque répond magnifiquement à quelques questions, à nos questions, les plus urgentes et les plus insistantes. Comment être et demeurer dans cette jeunesse, cette énergie, ce bouillant et brillant emballement musical, dans un monde par ailleurs si hostile, si brutal, si totalement opposé à ces manières d’habiter, que seul l’art le plus haut désigne ? Comment la Sicile (Montevago, lieu symbolique), l’Italie de Roberto et des combats de son père, peuvent-ils encore nous séduire de leurs parfums de haute civilisation, quand on sait ce qui s’y déroule ? Tout comme chez nous d’ailleurs. Quant à Théo, son prénom et le choix de son instrument suffisent à le situer également au plus vif de cette contradiction. Réponse : le vrai, le beau, le bien. L’Art quoi. Alors, de Comète en Tarentella en passant par Pinball Cantabile, voici comment retrouver le prolongement musical de la grande musique européenne (de Bellini et Paganini à Franck et Debussy), mis au goût doux-amer de nos jours qui ont connu à la fois la mort de Dieu et la musique de Coltrane, Parker et Mingus. Oui, cette musique porte, supporte, sublime le réel de plus en plus inacceptable qui voit disparaître le paisible entretien des salons enfuis. Oui, Roberto assène, obstiné, rageur, charmeur aussi ; oui, Théo plane, virevolte, grince, grimace, sourit, redevient fleuri pour nous faire croire et adhérer. Quoi donc ? On ne sait : un éclair de bonheur, une lumière de joie, une musique actuelle qui fait semblant de regarder à côté. Mais qui est en plein dedans, et nous avec.