Catherine-Morello-Faller, Manoir de mes rêves

Catherine-Morello-Faller, Manoir de mes rêves

Philip Catherine – Paulo Morello – Sven Faller,

Manoir de mes rêves

ENJA RECORDS

A bientôt 77 ans, Philip Catherine a gardé intacte son envie de jouer, de faire “chanter” sa guitare. Le voici dans un nouveau projet : un trio de cordes, guitares-contrebasse, qui peut évoquer certaines formations gypsy. Aux guitares électrique et acoustique, Paulo Morello. Né en Allemagne, il a parfait sa formation à New York et Rio. En 2018, il a développé un projet en quartet, Sambop, et a croisé Philip Catherine lors d’une “Night of jazz guitar”, réunion de 5 guitaristes dont Larry Coryell avec qui Philip a enregistré plusieurs albums dans les années 1970 (“Twin House”, “Splendid”) A la contrebasse, Sven Faller qui a étudié à Linz puis à New York où il a côtoyé John Patittucci, BobDegen, Blossom Dearie et Jin Beard, le claviériste que Philip a croisé pour “Guitar Groove”. Ce “Manoir de mes rêves” est, pour Philip, l’occasion de revenir sur deux de ses premiers amours. D’une part, Georges Brassens, avec les Amoureux des bancs publics: “The first guitar I heard in 1954. Then I bought that instrument.” D’autre part, Django, avec Manoir de mes rêves, joué ici “in a latin feel” . Lui qui possède une sonorité immédiatement reconnaissable, avec cette guitare qui chante, la mélodie reprend ici d’autres “chansons” : deux chansons d’Henri Salvador, L’ombrelle et le parapluie et Pas encore, “I still enjoy these two songs””; Les uns et les autres de Michel Berger, Insensiblement de Paul Misraki en souvenir des versions de Django et Joe Pass, ainsi qu’Enfant des étoiles du bassiste Evert Verhees que Philip a joué avec Maurane et une bossa, Recado de Djalma Ferreira qu’il a joué avec Barney Wilen. Pour le reste, Philip revisite To Philip de Nicola Andrioli, le pianiste de son quartet (album “Côté jardin”); Claudia’s Delight que Paulo Morello dédie à son épouse, soit un rythme gypsy très vif, avec solos successifs de Philip et Paulo; Jardin d’hiver, une composition d’Eddy Louiss (sans rapport avec le succès de Salvador) et un thème de 1924, I’ll See You In My Dreams d’Isham Jones, un choix de Paulo avec un beau solo de contrebasse (comme sur L’ombrelle et Recado). Chaque plage est l’occasion de mettre en valeur cette sonorité scintillante de la guitare électrique de Philip Catherine, alors que Paulo Morello tient souvent le rôle d’une guitare rythmique comme sur Insensiblement, avec une guitare acoustique. Voilà un trio complice, au lyrisme mélodique évident, mais mâtiné d’un solide sens du swing (I’ll See You In My Dreams), le tout pour mettre en valeur le talent inimitable de Philip Catherine qu’on retrouvera le 8 septembre, à Geel, avec ce Manoir de mes rêves.

Claude Loxhay