Mimmo-Miura-Amirani, Live At L’Horloge
Gianni Mimmo-Yoko Miura-Thierry Waziniak Amirani,
Live At L’Horloge
Styliste du saxophone soprano dans le droit fil de Steve Lacy, Gianni Mimmo a développé une pratique de rencontre et de partage avec plusieurs improvisateurs qui trouve un exutoire assez contrasté et fort différent de celui du maestro disparu. Faut il citer et (re) découvrir ses collaborations passées avec Gianni Lenoci, Harri Sjöström, Vinny Golia, Daniel Levin, Angelo Contini pour s’en convaincre. Avec la pianiste japonaise Yoko Miura (aussi au miano jouet) et le percussionniste français Thierry Waziniak, c’est à un jeu de haïkus musicaux qu’ils se livrent, retenant le temps et écartant les limites de l’espace. On goûte un lyrisme secret, une puissance cachée, partagés de minute en minute, des notes tenues et taraudées de Mimmo dans un forte imprécateur qui s’évanouit dans les répétitions de notes lumineuses et décalées de Miura, elles mêmes s’enchaînant en une comptine naïve sans solution. Tout s’enchaîne avec une belle logique et une expressivité plus belle encore avec des changements de registre assumés. Jouer la mélodie avec des effluves monko-lacyens et nous y faire croire est sans nul doute le point fort de Gianni Mimmo. Ses deux comparses s’entendent à merveille pour souligner, enrichir, alléger, magnifier cette voix originale, ramenant le silence méditatif, relance de l’inspiration. Thierry Waziniak y insère des bruissements mystérieux, des friselis épars, lorsque le saxophone s’éternise sur une harmonique rare ou deux notes lunaires, crissant le silence. Ce magnifique concert d’une heure et plus, gravé d’une dizaine de digits, est excellemment joué d’une traite et contient de beaux instants de vérité à partager, réécouter et méditer. J’avais découvert Gianni Mimmo il y a une dizaine d’années comme un honnête artisan et avec ce disque j’entrevois l’éclosion d’une vraie maîtrise dans la durée.
Jean-Michel Van Schwouburg