Pépites #58, Around Jazz
Around jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Portico Quartet,
Memory Streams
Nous l’avons déjà écrit et nous nous répétons : le Portico Quartet forme, avec le Cinematic Orchestra, l’avant-garde de ce qu’il est convenu d’appeler « le nouveau jazz ». Même s’ils s’en défendent, prétendant n’appartenir à aucune scène… Cette notoriété, les Londoniens la doivent en partie à Keir Vine, qui a la particularité d’être un des premiers musiciens à avoir popularisé le hang-drum (vous voyez, cette sorte de grosse coupole métallique) qui offre à la musique du groupe, des sonorités particulières et uniques. Keir Vine, qui avait momentanément quitté ses compagnons avant de réintégrer le Portico (à nouveau Quartet) pour le résurrectionnel « Art In The Age Of Automation » et son satellite « Untitled – AITAOA#2 ». Avec ce nouveau « Memory Streams », le Portico Quartet jette un regard furtif sur son passé, en conserve l’essentiel, et poursuit sa route à la convergence du trinôme jazz/electro/dance. Comme le titre de ce cinquième album studio le suggère, le groupe se trouve à un moment crucial de son existence. Où il s’agira d’explorer de nouvelles voies – l’électronique est de plus en plus présente – sans renier un passé chargé de mélodies lumineuses, et dont ils n’ont vraiment pas à rougir… Ca semble être bien parti…
Le Portico Quartet en concert au Club De Roma, à Anvers (le jeudi 21 novembre) et à Flagey, Bruxelles, le 15 janvier 2020.
Fink,
Bloom Innocent
Après Cigarettes After Sex la semaine dernière, voici à nouveau un fleuron de la pop éthérée : Fink. Un trio dont les actions tournent essentiellement autour de Fin Greenall. L’homme provient des Cornouailles et a obtenu un temps de jeu non négligeable en qualité de DJ. Une occupation qu’il poursuit d’ailleurs (presque) en catimini sous le patronyme Sideshow. Changement de cap donc, et nouvelle direction lorsqu’il publie l’incontournable «Biscuit For Breakfast» en 2006, pour le compte du label influent Ninja Tune. L’histoire peut s’écrire, les albums se succèdent et un nouveau public se prosterne devant ce phénomène doté d’une voix soul qu’il met au service de mélodies exceptionnelles. Comme la plupart des chroniqueurs de tous horizons, je ne peux que m’enthousiasmer devant tant de beauté ! Ce nouvel album – produit avec la complicité de Flood – contient huit longues plages délicates et confortables comme de l’ouate. On voudrait juste que «Bloom Innocent» ne s’arrête jamais ! Libre à vous de repousser sur la touche « play ». Pour ma part, j’y retourne… Fink sera en concert au club De Roma, à Anvers, ce mardi 19 novembre.
Aki Rissanen,
Art In Motion
Certains persistent et signent, prétendant que rien ne ressemble plus à un trio de formule classique qu’un autre piano/contrebasse/batterie. Qu’ils se détrompent à nouveau. Qu’ils goûtent aux joies d’entendre ce «Art In Motion» à l’esthétique originale. A.R.T. comme l’acronyme du Aki Rissanen Trio. «In Motion» pour l’intensité rythmique inspirée de longues nuits passées à danser dans les boites d’Helsinki, sur des musiques électros. Comme cet autre trio nordique dont l’acronyme se compose également de trois lettres (si si, vous voyez bien à qui nous faisons allusion…), A.R.T. mélange avec bonheur les influences parfois très anciennes (écoutez cette adaptation jazzy du « Moro Lasso al Mio Duolo » de Carlo Gesualdo, un compositeur italien du XVI ième siècle) avec une touche très moderne. Cette complexité d’écriture rare, cette énergie que l’on perçoit même lors des titres les plus lents, renouvellent sans aucun doute la (fameuse) conception que nous nous faisons de l’art du trio. Futuriste !
Joseph « YT » Boulier