Cadillac Baby’s Bea, The Definitive Collection
Cadillac Baby’s Bea & Baby Records,
The Definitive Collection
BEAR FAMILY RECORDS 4 CD Box Set + book
Narvel Eatmon était un personnage hors du commun. Il est né à Cayuga dans le Mississippi, en 1914 (ou 1910 ou 1912). A la fin des années ’30, il arrive à Chicago, comme tant d’autres, pour se faire un nom dans le show business et sa réussite a été notable. Après un tas de petits boulots, sous le nom de Cadillac Baby, il réussit à devenir propriétaire d’un night-club dans le South Side, le Cadillac Baby’s Club. Ensuite, en 1959, il fonde une compagnie de disques, Bea & Baby (Bea étant le prénom de son épouse et Baby le sien) avec des labels apparentés comme Keyhole, Key et Miss, dont l’activité s’est poursuivie jusqu’en 1971. A noter qu’en 1961, 5 groupes de gospel ont gravé chacun un single sous label Miss, les 10 faces sont reprises dans le quatrième cédé. Cadillac Baby est mort en 1991 pauvre et oubié. Ce projet a été mis en œuvre et finalisé par Michael Robert Frank pour sa compagnie Earwig Records, il va bien sûr tout remettre en perspective et vu la qualité (et la rareté souvent) des faces rééditées (comme des photos), il vient à point pour rendre justice à un entrepreneur visionnaire et doué. Entre les morceaux, ont été intercalés des extraits d’interview de Cadillac Baby enregistrés par Jim O’Neal pour le magazine Living Blues en 1971 (3 extraits de quelques minutes) et 2 autres par Steve Cushing en 1983 lors de son show radio «Blues Before Sunrise» (12’52 et 4’02), ce sont des documents précieux et instructifs. Bien entendu d’autres passages d’interview et une foule de détails sur Cadillac Baby et sur ses labels se retrouvent sous forme écrite dans un volume de 128 pages bourré de photographies rares, voire inédites, sous la plume de Jim O’Neal. On soulignera aussi les notes écrites par Bill Dahl, très complètes, concernant les musiciens, un peu moins d’une trentaine, de Eddie Boyd à Arelean Brown en passant par Homesick James, Hound Dog Taylor, Detroit Junior, Sunnyland Slim, Earl Hooker, Litle Mack, James Cotton, Willie Hudson et d’autres. Par ailleurs, c’est Robert Marovich , un spécialiste reconnu, qui a écrit les notes concernant les 5 groupes de Gospel (The Gloryaires, Eddie Dean & Biblical Aires, The Norfolk Singers, The Pilgrim Harmonizers et le Rev. Samuel Patterson). Notons encore un texte de Michel Robert Frank, le maitre d’œuvre de cette réédition qui fera date et qui raconte comment ce projet s’est imposé à lui et comment il l’a mené à bien. Les quelques noms de bluesmen cités ci-dessus vous auront donné une idée du plaisir d’écoute qui vous attend et on ne fera pas de développements fastidieux, on se contentera de mettre en exergue la qualité des faces du pianiste Eddie Boyd (qui a inauguré la série en 1959 avec le single Bea & Baby 101), Boyd est présent avec 6 faces Bea & Baby en tout (dont Blues Is Here To Stay,You Got To Reap, Thank You Baby) toutes excellentes avec Robert Junior Lockwood (guitare) très en forme et 4 faces Keyhole de 1960 (dont 2 sont ex-Bea & Baby avec, en surimpression, les Daylighters ce qui en fait du Doo-Wop! …Bof !) ; Bobby Saxton (voix) avec Earl Hooker (guitare) méritent aussi le détour (Trying To Make A Living , 1960) comme Sunnyland Slim avec 2 faces Miss de 1960 (avec le toujours très inspité R. Jr Lockwood) et 5 faces empruntées aux long-playings “Colossal Blues” et “Red Lightnin” de 1971 comme celles de Little Mac Simmons, Homesick James et Andrew ‘Blueblood’ McMahon. D’autres plages sont bienvenues comme celles de Hound Dog Taylor avec Detroit Junior (piano) en 1960 pour Key (avant les séances Alligator Records) sans oublier Lee Jackson sur Keyhole avec Johnny Jones (piano), J.T.Brown (saxophone),… et encore Arelean Brown avec Buddy Scott (guitare) et L.Mack Simmons (harmonica) sur Bea & Baby. On conclura en soulignant le caractère agréablement disparate du quatrième cédé avec un paquet de faces restées inédites, dont 4 du duo Sleepy John Estes-Hammie Nixon (début des ‘60s) (1) et les dix faces Gospel du top niveau dans la tradition du hard gospel. Une réédition majeure qui ne manquera pas, en 2020, de rafler des Awards bien mérités dans les grand-messes du genre à Memphis et ailleurs.
(1) Session où furent gravées 14 faces ; les 10 autres sont accessibles sur le site web de Earwig Music.
Robert Sacre