Pépites 70, Around Jazz

Pépites 70, Around Jazz

Around jazz, quelques pépites…

C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus.

Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.

Park Jiha,

Philos

TAK:TIL

Cap si vous le voulez bien pour la Corée du Sud. Rassurez-vous, pas celle du Gangnam Style ! Non, Park Jiha se situe aux exacts antipodes du Psy. La jeune femme joue de tous les instruments sur ce second album qu’elle publie sous son nom. Des instruments coréens traditionnels et séculaires dont nous aurons vite oublié les noms. Flûte en bambou, orgue actionné par la bouche, cithare, … Mais le propos se situe ailleurs. Très loin même ! Si elle est respectueuse des traditions, Park Jiha cultive néanmoins un univers personnel, intriguant et captivant. Au fur et à mesure des écoutes, on plonge plus profondément encore dans les atmosphères inouïes tissées par cette artiste, comme une toile minimaliste dont il devient impossible de se dépêtrer. Il faut pouvoir s’abandonner à l’univers personnel de Park Jiha, lui accorder notre confiance. Elle, qui pourrait être la fille de Stephan Micus, et qui prétend que son disque est « une évocation de son amour du temps, de l’espace et du son ». Ce « Philos », nous l’avions contourné. Par impatience, par inconscience. Alors que la patience et l’estime sont justement les éléments cruciaux qui jalonnent ce voyage sinon exotique, très certainement extatique !

Ozma,

Hyperlapse

CRISTAL RECORDS

Son patronyme fait référence à un projet loufoque mené par la NASA en 1960, qui a englouti un budget insensé pour monter une antenne gigantesque dans le désert du Nevada, laquelle devait, selon d’imminents savants, enregistrer des messages venus d’une civilisation extra-terrestre… N’en déduisez pas trop vite qu’au sein de la formation Ozma, on agit avec légèreté. A quelques encablures de son vingtième anniversaire, le quintet emmené par le batteur Stéphane Scharlé nous présente son septième album sous la forme d’un carnet de route, témoin d’incessantes tournées effectuées autour du Globe. Un titre, une ville. Ses atmosphères, des souvenirs plus ou moins inoubliables, et, plus rarement, quelques angoisses aussi. Le rapport « Hyperlapse » au plus proche de l’os, comme une soirée diapos qui retracerait ce périple effectué de Lübeck à Jakarta en passant par l’Afrique. L’image toujours bien présente, à laquelle le titre du cédé fait d’ailleurs référence et que le quintet strasbourgeois nous avait déjà servi en abondance en diffusant « High, Far & Loud » sur sa chaîne Youtube, sous la forme de dix-huit épisodes retraçant un an de tournées. Qu’il s’agisse de rock, d’un funk cuivré ou de jazz, la musique d’Ozma, débordant d’une énergie communicative, s’envole bien souvent vers ces contrées lointaines. Ils nous reviennent riches de ces expériences, intacts et en grande forme. Il n’était pas utile de s’inquiéter outre mesure pour eux !

Owa,

Promises

AUTOPRODUCTION

A deux : c’est juste bien ! Bien souvent, il n’en faut guère plus. La formule se prête d’ailleurs idéalement à la musique de Owa. Intimiste – mais cela n’empêche pas les envolées vocales – et atmosphérique. Car il sera très souvent question de s’envoler très haut. Porté essentiellement pas les cordes vocales de Nadia Simon, et par les sonorités des handpans de son compagnon de jeu, ce premier album ne prend aucune voie franche. La quelle prendre, sinon celle de la sagesse. La voie « pop », sans aucun doute, mais embrumée au milieu d’un halo de mystère qui surgit des improvisations. Point d’encrage de ces promesses tenues, « To Build a Home », une reprise d’un titre attribué au Cinematic Orchestra. Un projet qui lui aussi ondule gracieusement entre pop et jazz. Pour le plaisir de tous !

 

Joseph « YT » Boulier