Christine Ott, Chimères (pour Ondes Martenot)
Lors de notre première rencontre, il y a un peu moins de trois ans, Christine Ott nous avait confié souhaiter s’éloigner pour un moment des fameuses Ondes Martenot, un instrument mythique précurseur du synthétiseur monophonique. A l’époque, elle préparait d’ailleurs un spectacle « Traversée en solitaire » qui alliait ses deux passions : le cinéma et le piano. Depuis de nombreuses années déjà, l’ondiste strasbourgeoise s’érigeait en spécialiste emblématique des Ondes, ce qui voilait quelque peu son rôle de compositrice. Sa notoriété avait largement dépassé les frontières et les genres, ce qui lui avait permis de collaborer aussi bien avec Radiohead que Yann Tiersen (pour les plus connus). Mais aussi de jouer dans des projets plus obscurs, notamment Foudre !, en compagnie de Frédéric D. Oberland et Paul « Mondkopf » Régimbeau. Ce sont ces deux-là qui ont invité Christine Ott à présenter ses « Chimères » sur leur label électro-aventureux Nahal Recordings. Un album tout au long duquel les Ondes Martenot occuperaient une situation centrale, avec un son retravaillé par le duo. Huit chimères, autant de mots enlevés à une mélancolie prégnante. Mi-composée, mi-improvisée, la musique de Christine Ott s’élève en apesanteur. Elle appartient aussi bien au néo-romantisme (magnifique « Comma » en ouverture où l’on croit entendre un quatuor à cordes qui n’existe pourtant pas…) qu’à une avant-garde expressive (bien qu’étant improbable sur la ligne du temps, « Todeslied » aurait pu être dédié au regretté Florian Schneider). Ce disque mystérieux fera date dans la carrière de Christine Ott, car il offre à l’instrument et à son talent de compositrice, une mise en lumière jusqu’alors inédite. Un éclairage tamisé certes, mais aussi une mise en ondes sensible, vibrante, fascinante.
Yves «JB» Tassin