Nubya Garcia : Source
A force… A force de lire son nom sur les affiches d’un bon nombre de festivals européens (dont le Mithra Jazz à Liège l’année dernière, avec deux prestations très convaincantes), à force de la voir collaborer avec l’ensemble du gratin du nouveau jazz (Theon Cross, Makaya McCraven, Sons of Kemet, …), à force de compter le nombre de ses interventions sur la fameuse compilation « We Out Here » (cinq apparitions…), bible du jazz londonien… Oui, à force ! Ben oui, à force, on pensait que la jeune (pas encore trente ans) saxophoniste faisait déjà partie de notre mobilier depuis longtemps. Que nenni ! « Source » n’est en fait que son tout premier album. Il succède à distance respectable aux E.P. « Nubya’s 5ive » (2017) et « When We Are » (2018). « Source », un titre qui sonne comme un hommage aux ancêtres inspirants et qui aurait pu (dû?) s’écrire au pluriel, tant les fusions sont nombreuses ici. De sa maman collectionneuse de disques, Nubya Garcia a hérité d’une certaine aisance à aborder différents styles, parfois au sein d’un même titre (cf. la plage titulaire, quand le reggae, la soul et le jazz s’entrecroisent). Si « Source » est bel et bien un disque de jazz (aucun doute à ce sujet…), Nubya n’hésite pas non plus à franchir les frontières, avec fierté et sans jamais abandonner un groove tantôt dominant, tantôt nettement plus léger (mention spéciale au batteur Sam Jones). Qu’importe, tout s’emboîte parfaitement, en quartette (Joe Armon-Jones aux claviers), renforcé par quelques voix (on note la présence du trio La Perla) et l’aide de membres du Kokoroko, une autre référence du jazz londonien. Si, pour certains, Nubya Garcia était déjà attendue au tournant, on peut pour notre part affirmer qu’avec ce « Source », elle réussit son premier test important. Celui qui devrait l’emmener sur la voie de la consécration dans les mois qui viennent. Pour autant qu’on la laisse jouer…
Yves «JB» Tassin