Toshinori Kondo

Toshinori Kondo

Toshinori Kondo
05 décembre 1948 – 17 octobre 2020

S’en est allé un véritable génie de la trompette, Toshinori Kondo. Si un artiste tel Dizzy Gillespie a ouvert l’instrument sur les nouveaux horizons de la musique moderne et des harmonies complexes en inventant de nouveaux phrasés dans le jazz, si un Bill Dixon ou un Don Cherry ont libéré le champ sonore vers le jazz libre, le Japonais Toshinori Kondo a fait quant à lui à la fois imploser et exploser la colonne d’air par un travail d’une extraordinaire intensité et un contrôle inouï de l’instrument, dans une démarche similaire à celles d’Evan Parker pour le saxophone ou Derek Bailey pour la guitare, et cela durant les années septante. Avec ce révolutionnaire extrême de l’embouchure qui contorsionnait les lèvres et soufflait comme un karatéka, la trompette est devenue un générateur de sons malaxés, bruissants, saturés, volatiles. Il a très vite plongé dans la scène de l’improvisation libre au-delà du free-jazz. On l’entendit au Japon avec Kaoru Abe et Milford Graves, aux USA avec John Zorn, Eugène Chadbourne, Henry Kaiser et Bill Laswell et en Europe avec Derek Bailey, Paul Lovens, le Globe Unity Orchestra, Tristan Honsinger, Peter Kowald, Daunik Lazro et Steve Beresford. Vers le milieu des années 80, il fit sensation comme mannequin (sic) et comme leader d’IMA, un combo électro-jazz trashrock à la fois acide et énergétique dans la veine d’un Miles électrique. Dans les années nonante, il créa la surprise avec Die Like a Dog, un quartet composé de Kondo, Peter Brötzmann, William Parker et Hamid Drake. Le Dalaï-lama l’invita à organiser un festival de la Paix à Hiroshima. Son influence se fit sentir dans la génération suivante chez des trompettistes d’avant-garde comme Birgit Ulher, Axel Dörner, Franz Hauzinger et Peter Evans.

Jean-Michel Van Schouwburg