Trio in bocca al lupo au Casino Coxyde (01/10/2020)
Carlo Nardozza © Robert Hansenne
Comme c’était mon premier concert « retour en salle », je veux féliciter les organisateurs pour leur mise en confiance. J’avais reçu, le matin, un mail avec les procédures à respecter et avant que je ne m’installe à ma place, 3 personnes m’ont dirigé à différents stades dans mon cheminement. A l’intérieur de cette superbe salle à l’acoustique remarquable, une soixantaine de personnes, une rangée sur deux de libre et excepté les bulles, trois sièges libres entre les spectateurs. Port du masque obligatoire, bien sûr. Venons-en maintenant à ce qui nous intéresse le plus : le groupe. Sous ce nom italien (« dans la gueule du loup ») se profile un trio limbourgeois emmené par le trompettiste Carlo Nardozza. Accompagné du pianiste Alano Guarin et du guitariste Tim Finoulst, le groupe retrouvait la scène après des mois de confinement et venait présenter son second cd « Dedicato ». Après un premier cd toujours à connotation italienne (« Nostalgia »), ce nouvel opus a été entièrement composé par Carlo lors de moments assez pénibles pour lui, des membres de sa famille ou des amis. Il ne se prive pas de le signaler en présentant les morceaux et reconnaît une certaine mélancolie dans ses compositions. Avec humour il déclare aussi « Comment sera le cd suivant avec les conséquences du virus ? Déjà que j’ai l’impression de donner un concert chirurgical ! » Qui va commencer avec une tarentelle qu’ils vont bien accommoder en mode jazzy. Souvent c’est la trompette qui instaure la mélodie en début et fin de morceau, le cœur voit ses comparses broder de subtils accords vers des voies de traverses, tout le monde se retrouvant sur le final. Nous entendrons aussi le guitariste ouvrir un morceau avec un blues électrique pour revenir à leur style plus personnel où chacun prend le lead. Grand moment ensuite avec le titre « Quand tu es partie » qui sera ici instrumental mais dont la version cd est chantée, en français, par Raymond « J’veux d’l’amour » Van Het Groenewood. Vraiment curieux d’entendre cette version. Vient ensuite une reprise, ou plutôt une adaptation de « Caruso » de Lucio Dalla. Ils restent fidèles à l’Italie et au jazz mélancolique. Tout cela est joué avec dextérité, c’est classe, limpide et terriblement accrocheur. Le light show est aussi très efficace, il y aura des verts et un gris qui épouseront à merveille les ambiances distillées. Comme sur ce tango argentin, bien jazzifié, dédicacé à leurs ex-voisins adorateurs de films gore ! L’humour sera aussi présent lors de l’introduction de « That Day » puis on virera au recueillement pour les défunts du virus et leurs proches. Et ce titre va s’écouler, calme, serein comme un hommage respectueux. Très fort. Et osé pour une fin de concert. Le public debout réclamera un rappel. Je m’attendais un « Ciao bella » vu qu’ils le jouent mais ce sera un contre pied magistral avec « La Felicita ». Inespéré. Et sourire de bonheur sur beaucoup de visages. Une belle découverte que ce trio.
Tim Finoulst © Robert Hansenne
Carlo Nardozza © Robert Hansenne
Alano Guarin © Robert Hansenne
Claudy Jalet