Matthew Halsall : Salute To The Sun
Matthew Halsall est un homme qu’on apprécie tout particulièrement pour son implication dans le renouveau du jazz britannique. Comme producteur tout d’abord. Il dirige depuis un peu plus de dix ans le label mancunien Gondwana qui abrite des formations aussi innovantes que le Portico Quartet, Mammal Hands ou encore Gogo Penguin (un groupe qui a obtenu son transfert chez Blue Note il y a cinq ans). Parallèlement, Matthew Halsall mène (presque) discrètement une carrière de musicien. De trompettiste pour être précis. Après cinq ans de silence discographique (« Oneness » paru il y a un an, aussi beau soit-il, est un album qui compile ses travaux de 2008…), il nous offre une nouvelle collection de titres 100 % acoustiques dont la nature, et plus particulièrement la forêt tropicale, sont les décors inspirants. Bien qu’il ait formé un nouveau groupe autour de lui, ses intentions ne changent pas. Les instruments demeurent les mêmes : outre sa trompette, on retrouve son fidèle bassiste Gavin Barras, mais aussi une harpe (sa marque de fabrique), des percussions exotiques (marimba, kalimba), un pianiste, un saxophoniste / flûtiste avec lequel il dialogue régulièrement et un batteur. Chacun provenant de Manchester, afin de constituer une « bulle » susceptible de répéter assidûment lors des périodes de confinement. Pas de démonstration de force ou d’effets de manche, ce n’est pas la spécialité de la maison. La musique bio improvisée de Matthew Halsall se répand lentement en nous. Le jeu des musiciens est presque enfantin, les interventions sont épurées, les notes placées au juste endroit. Chaque titre atteint en moyenne sept ou huit minutes, ce qui nous permet de nous laisser submerger par ces atmosphères de toute beauté. « Salute To The Sun » est non seulement l’un des disques importants de l’année, mais surtout, c’est une œuvre prétexte à la méditation en ces temps de replis. Magnifique, apaisant, réconfortant…
Yves «JB» Tassin