Merzbow, Mats Gustafsson, Balazs Pandi : Cuts Open

Merzbow, Mats Gustafsson, Balazs Pandi : Cuts Open

RareNoise Records

Nouvelle production pour ce trio immergé dans l’improvisation depuis « Cuts » paru en 2013. Sans la présence cette fois de Thurston Moore, de Sonic Youth. Le légendaire musicien japonais Masami Akita (Merzbow – percussions et electronics), le Suédois Mats Gustafsson (flute, sax, percussions, electronics) et le Hongrois Balazs Pandi (batterie, percussions) se sont retrouvés pour de nouvelles sessions d’impros au studio Gok de Tokyo. En résultent quatre longs morceaux entre 17 et 24 minutes pour un double cd. Sachez qu’il existe une version double vinyle de couleur mauve, un titre par face ! Alors que l’improvisation bruitiste radicale fait partie des gènes de ces trois assaillants, Akita a voulu que ces rencontres soient axées sur la spontanéité. Il voulait aussi des respirations (au propre comme au figuré !), des moments plus calmes. Il a déclaré quand tout fut terminé que ceci était pour lui un disque silencieux de Merzbow ! S’assagirait-il avec l’âge et après des décennies de sons durs et agressifs. Qui sait ? Toujours est-il que le début est relativement sage, ils tiennent donc les promesses décrites ci-dessus. Mais attention pour les néophytes : ceci est un assemblage de bruits, c’est radical, free, sans aucune mélodie. Puis au milieu du second titre « And We Went Home » l’agression sonore arrive. Tout s’emballe, l’assaut perturbant, le vacarme est lancé. Si vous écoutez ceci au casque c’est parfois dingue, les sons passent d’une oreille à l’autre, vous en clignez des yeux tellement c’est traumatisant, dérangeant ! Pandi frappe comme un fou, Gustafsson explose son sax baryton, Akita triture les sons électroniques. L’atmosphère devient aussi plus lourde, plus stressante. Ils placent des grincements, cela frise la panique avec des sons presque domestiques (bruits de casseroles martyrisées !). Et le dernier titre « He Locked the Door » est d’une brutalité rare : explosions, irruptions, excès tonitruants, cris et gémissements effroyables du baryton. Quelle agression, quelle violence ! La folie sonore à l’état brut qui mène l’auditeur à l’épuisement total. Eux aussi je pense… Puis il y a ce vide sidéral quand tout s’arrête. Et on revient sur terre… lessivé ! Mais certain d’avoir vécu une expérience singulière. Impossible d’écrire que ceci est bon, moyen ou décevant. Je le répète : on participe à une expérience ! A chacun de savoir jusqu’où il est capable de s’imprégner, de participer, voire de supporter.

Claudy Jalet