The End : Allt är intet
La Norvège ne nous a pas proposé que de la musique méditative inspirée par la beauté des fjords. Nouvel exemple avec ce 2ème album de The End, groupe avant-gardiste qui nous présente un mélange puissant et équilibré d’influences qui vont du rock bruitiste au free jazz, une musique que beaucoup appellent punk jazz. Cela commence calmement avec leur version du traditionnel « It Hurts Me Too ». Ce climat ne dure guère avec les 4 titres suivants, des compositions originales, où les souffleurs Mats Gustafsson (le Suédois du groupe, une référence absolue dans le domaine du free jazz, qui joue principalement sur cet album du sax baryton) et Kjetil Moster (sax ténor) font rugir leur instrument, bien soutenus par la guitare très « noisy » de Anders Hana et la batterie de Borge Fjordheim. Mais que dire de la phénoménale chanteuse Sofia Jernberg, dont les capacités vocales sont impressionnantes : du chuchotement au cri, elle crée toutes sortes d’effets, qui font de sa voix un élément important du groupe. L’album se termine dans une (relative) sérénité avec la reprise de « Imani » de Dewey Redman, où Mats Gustafsson (à la flûte) et Sofia Jernberg font à nouveau merveille. Voici un disque où cela joue fort et juste, avec certaines parties très écrites et d’autres clairement improvisées, certains passages très sombres et tempétueux et d’autres plus placides. Un disque réussi, qui n’a pas peur de voyager d’un genre à un autre, qui n’a pas de frontières musicales. On peut penser à d’autres artistes ou groupes : John Zorn, Last Exit, Worldservice Project ou encore Zu. Mais The End a une identité bien propre avec, en outre, un atout majeur en la personne de Sofia Jernberg.
Sergio Liberati