Michael Formanek : Imperfect Measures
La parution d’un album pour contrebasse solo n’est pas chose courante. Celle-ci est par nature un instrument d’accompagnement restant généralement en arrière plan ou allant de pair avec une batterie en section rythmique. Dans les notes accompagnant le disque, Michael Formanek indique qu’il en est venu à réaliser qu’à son estime, jouer de la basse en solo se rapproche davantage d’un processus compositionnel que d’une pratique performative. Il explique qu’il procède habituellement en jouant des segments d’une vingtaine de minutes en improvisation semi continue pour ensuite les diviser, à la faveur de chutes ou de silences, en plus petites pièces, ne partant de rien de déterminé à la base. Plus occasionnellement c’est l’archet qui prend le relais. Formanek est aussi bien à l’aise en solo pur qu’en accompagnant Tim Berne, Ellery Eskelin ou qu’en renfort pour des big bands (le Mingus Big Band, l’Ensemble Kolossus ou encore le New York Jazz Collective). La petite heure que totalise ce disque ne souffre d’aucune longueur, d’aucune redite, tant la vitalité qu’il impulse tout au long de ses morceaux est palpable. L’album a été enregistré pendant que son comparse plasticien Warren Linn dessinait des esquisses pour des canevas et des collages retravaillés par la suite. Un véritable travail complice que reflètent les magnifiques illustrations ornant la pochette. Disque printanier, assurément !