Avishai Cohen : Two Roses

Avishai Cohen : Two Roses

Naïve

Avishai Cohen ne laisse jamais indifférent. Que ce soit en trio, en petite formation avec quatuor à cordes et hautbois ( le sublime « Almah », huit ans déjà), en solo (ses sessions pendant le confinement)… tout résonne en nous comme, il le dit lui-même, « une musique qui vient du cœur et de l’âme. » Avec « Two Roses », il réalise un nouveau rêve : jouer ses compostions – la plupart des titres de l’album – accompagné de Elchin Shirinov au piano (déjà sur «Arvoles »), un vieux complice, Mark Guiliana à la batterie, et un grand orchestre (l’Orchestre Symphonique de Gothenburg au grand complet). En ouverture « Almah Sleeping » sonne déjà très B.O. de grande production hollywoodienne, et ce n’est pas une critique (!) car cette mélodie est saisissante, émouvante, bref magnifique. A entendre les compositions du contrebassiste, on sent les multiples influences qui jalonnent son parcours : le jazz, le folklore de son pays (« Morenika », « Two Roses »), mais aussi la musique nord-africaine, du Proche Orient, du monde slave, des touches qui donnent à sa musique un caractère romantique qui colle parfaitement avec l’ampleur de l’orchestre symphonique. Et puis, il y a deux reprises jazz qui, à elle seules, méritent le détour, et pas seulement parce qu’il s’agit de deux de mes standards préférés : « Nature Boy » de Eden Ahbez et chanté par Avishai Cohen est un petit bijou de délicatesse, et que dire de « A Child Is Born » de Thad Jones déjà réarrangé précédemment par le contrebassiste et qui, avec l’orchestre symphonique, prend une nouvelle dimension. « Entendre des chansons de la trempe de « Morenika » ou « Puncha Puncha », c’est comme regarder un film et changer d’époque, se retrouver dans un temps où rien n’est pareil. » A l’époque actuelle où vraiment rien n’est pareil, la musique d’Avishai Cohen, paisible et sublime, fait un bien fou.

Jean-Pierre Goffin