Evan Parker Quartet : All Knavery and Collusion
L’improvisation a ses raisons que la raison ignore. Elle est à la fois une question qui demeure ouverte et une réponse non enclose destinée aux pratiques habituelles qui formatent la musique. Vouloir la définir relève d’une gageure tant ses acceptions diffèrent d’une école à l’autre. Elle a ses détracteurs et ses affidés. Bien qu’elle s’en défende généralement, elle a aussi ses maîtres. Parmi ceux-ci il y a incontestablement Evan Parker. Généralement admis comme une des figures de proue du free jazz et de la musique improvisée, tant en Grande-Bretagne que sur le Continent, Parker n’en est pas seulement une figure tutélaire, il en est aussi une figure historique. Saxophoniste aventureux et industrieux, il n’a cessé, depuis ses débuts au mitant des années 60 (notamment avec le Spontaneaous Music Ensemble), d’explorer les voies et moyens de son instrument, en en multipliant les combinaisons les plus improbables. Ce nouvel album s’ajoute à une discographie tentaculaire qu’il serait vain d’esquisser ici. Parker se trouve pour l’occasion aux côtés de ses fidèles comparses John Edwards (basse) et Paul Lytton (batterie), auxquels s’est joint pour les besoins du quartet le pianiste – anglais également – Alexander Hawkins. Enregistré le premier jour de l’été 2019, le disque s’inspire en partie du « Journal de l’année de la peste » de Daniel Defoe (écrit en 1720) et annonce, malgré lui, la pandémie covid qui allait suivre et retarder sa sortie. Une mention spéciale pour le très beau travail artistique de Stephen Fowler, dont les cachets à l’encre ornent la pochette à la façon d’une page rescapée d’un grimoire apocalyptique.