Flat Earth Society : Boggamasta III

Flat Earth Society : Boggamasta III

Igloo Records

Après Boggamasta en 2017, Peter Vermeersch et David 9 ½ Bovée poursuivent leur délire collectif avec « Boggamasta III ». Non, vous n’avez pas raté une étape : selon nos deux zigs, cela faisait trois ans depuis le numéro un, il était grand temps de passer au numéro trois ! Faut avouer sans gêne, la musique du FES nous manquait un peu et on ne sera pas déçu par ce nouvel épisode déjanté. Pour rappel, le mot « Boggamasta », dérivé du mot « bourgmestre » leur a été inspiré par la courte trajectoire d’un milliardaire gambien, Yahya Jammeh, qu’ils virent dans la capitale arroser la foule de billets de banque depuis son Hummer décapotable ! Avec « Dust From the Stars », l’album donne le ton d’une musique essentiellement centrée sur une armada de souffleurs : quatre saxes, un tuba, deux trompettes (Bart Maris et Pauline Leblond), deux trombones. C’est ce brass band qui introduit le thème suivi d’un « call & response » (faut bien trouver une référence !) entre voix féminines et masculines électrifiées. Un schéma qui se répète sur le seul thème qui ne soit pas du duo Vermeersch/Bovéee, « Trust in Me », le thème bien connu de Robert et Richard Sherman pour le film « Le Livre de la Jungle ». « Carbon Based », plein de groove et de rythme, ne manque pas d’humour décalé, alors que sur le (trop ?) long « What » on laissera à chacun entendre des références sombres à un géant du glam rock anglais, ou à une fanfare néo orléanaise, voire au « Dies Irae » ! « Moog for You » est un sommet de délire vocal et instrumental, peut-être encore plus que tout le reste. « Breathe in the Colour Pink » me parait être la pièce rythmiquement la plus dansante et « Slave Driver » clôture l’album sur un tempo lent et des effets de distorsions vocales qu’on retrouve d’ailleurs dans l’ensemble des morceaux. C’est fun du début à la fin, décalé, énergique à souhait, grouillant d’idées et d’originalité tout en s’attachant des références – on pourrait citer Mingus, Zappa, Weil et pourquoi pas la face jungle d’Ellington. Et pour rester dans l’originalité, « Boggamasta III » ne sort qu’en version téléchargée HR et en… double LP 45trs. C’est clair, « Boggamasta III » nous fera oublier le vide de « Boggamsta II » !!

Jean-Pierre Goffin