Patricia Barber, Smash
Patricia Barber
« Smash » (Concord Jazz/Universal)
Patricia Barber est une pianiste-chanteuse-songwriter qui fait rarement les têtes de rayon dans les grandes surfaces musicales, mais ça pourrait changer avec ce « Smash » bienvenu. Disons-le tout net : cet album nous change du répertoire susurrés par nombre de chanteuses assoupies sur le divan en couverture d’album. Rarement en tournée chez nous, elle concentre son art sur Chicago, sa ville natale, où elle joue chaque lundi au « Green Mill », un club du nord de la ville, ancien QG d’Al Capone… cadre d ‘époque : velours rouges, miroirs, éclairage tamisé…
Une petite salle comble à chaque apparition de l’artiste, à 7$ l’entrée, faut dire qu’il y a de quoi se régaler. Elle y est fidèle depuis des années à la formule du quartet – dont elle vient de renouveler le line-up – et rôde un répertoire, souvent personnel, où le jazz se mêle aux ambiances funk ou rock, mais avec une personnalité exceptionnelle. Patricia Barber ne conte pas fleurette dans ses chansons d’amour qui ne sentent pas le glamour, et ses textes dénoncent – écoutez le magistral « Scream » ou le manifeste lesbien de « Devil’s Food » aux relents funky. Délicieuse ambiance bossa nova sur « Redshift», guitare aux accents de Pink Floyd sur « Smash », swing jazzy sur « Bashful », l’album regorge de couleurs et d’ambiances maîtrisées. Injustement dans l’ombre des divas du moment, Patricia Barber est une artiste qui vous en met plein la figure : SMASH !
Jean-Pierre Goffin