Bavoir : Bavoir
Voici certainement le disque le plus radical, le plus perturbant, que nous a fait parvenir le label de Caen. Bavoir est un groupe à la composition tout ce qu’il y a de plus classique : chant, guitare, basse et batterie. Il œuvre dans un registre rock ultime aux confins du hardcore, du punk, de la noise. Registre dans lequel il possède des similitudes avec, par exemple, No Means No, Le Singe Blanc, voire les vétérans des Dead Kennedys ! Ceci est donc régulièrement ultime, violent et joué par un guitariste souvent « à l’attaque », un bassiste qui offre le gros son et une batterie combative. Là-dessus se greffe la voix de Bubu Pagier. Une voix grave qui, souvent, opte pour la déclamation plutôt que le chant. Une voix qui rappelle parfois celle de Bernie Bonvoisin (Trust). Bavoir ose aussi la ballade plus posée (« Assieds-toi donc ») mais le chanteur ne peut réfréner sa rage et il éructe le texte ! Il chantera malgré tout sur l’autre ballade du disque, « Sourire bleu ». Pour le reste on pourrait parler d’un joyeux bordel si les textes issus d’une « autre poésie » n’étaient pas si crus, si féroces, si virulents. Quant aux neufs brûlots proposés ils vont de la conformité du canevas punk l’espace d’une minute quarante (« Punk is dead ») à la très longue et hypnotique dernière plage qui dure plus de treize minutes (« Action Baiser-Gifle »). Sans retenue, Bavoir jette tout dans la bataille, lacère son rock et crie tous ses ressentis. Que l’on acceptera ou repoussera selon nos certitudes musicales ou littéraires. On passera du captivant à l’éprouvant selon nos émotions. Et je pense que le but ultime de Bavoir pourrait être notre anéantissement ! Résistons et fragmentons l’écoute de ce premier album. Et espérons un concert !