Chris Speed : Light Line
Davantage connu comme saxophoniste ténor, notamment au sein de son propre trio aux côtés du contrebassiste Chris Tordini et du batteur Dave King, Chris Speed officie également de temps à autre avec Tim Berne, le bassiste Skủli Sverrisson, les batteurs Ben Perowsky et Jim Black ou encore le saxophoniste Andrew D’Angelo. Ce disque le voit revenir à la clarinette. Un retour, car c’est somme toute son instrument d’origine, celui qu’il a appris dans son jeune âge. C’est lors du confinement de 2020 qu’il a concrétisé une idée qui le taraudait depuis quelque temps déjà : réaliser un disque pour clarinette solo en donnant la part belle à des compositions écrites, laissant peu de place à l’improvisation. Sur la quinzaine de pièces alignées ici, on y retrouve des miniatures qu’il a écrites mais aussi une reprise d’Eric Dolphy (« Miss Ann »), une d’Ornette Coleman, une de Julius Hemphill, et le « Sun Ship » de Coltrane, dépouillé, raccourci et réduit à sa plus simple expression. Ce qui retient l’attention, c’est la légèreté avec laquelle il déploie ses lignes mélodiques, tout en douceur, sans jamais rien précipiter. C’est sur la reprise de Paul Motian « It Should’ve Happened a Long Time Ago » clôturant le disque qu’il excelle véritablement. Une cover magnifiquement épurée. L’idée d’écouter de long en large un disque pour clarinette solo pourrait en rebuter plus d’un. Pourtant, à bien tendre l’oreille à ce « Light Line », jamais on éprouve de lassitude ou de d’agacement. Une belle découverte.