Ben Van Gelder, Reprise
Ben Van Gelder, Reprise (Pirouet Records)
Van Gelder, voilà un nom qui dit quelque chose à tout qui possède quelques références « Blue Note » ou « Impulse » dans sa discothèque. Le « young Ben » qui nous occupe n’a pourtant rien à voir avec le Rudy du studio d’Englewood Cliffs ; very young Ben, 25 ans, saxophoniste et déjà un CV qui inspire le respect : à 18 ans, il quitte sa Hollande natale pour se perfectionner à New-York avec Lee Konitz et Mark Turner. On l’entend sur les meilleures scènes newyorkaises comme le « Jazz Gallery » ou le « Smalls » où il croise Aaron Parks ( qui l’accompagne sur son premier enregistrement « Frame of Reference »), David Binney, Nasheet Waits ou Ambrose Akinmusire… Le label allemand « Pirouet » sort son deuxième opus où l’on retrouve la rythmique du premier : Rick Rosato à la basse, Craig Weinrib aux drums, Peter Schlamb au vibraphone, seul Sam Harris reprend le clavier délaissé par Parks. Dix compositions personnelles plus une du vibraphoniste et l’album débute sur un mode mineur, plutôt distant, une impression qui s’efface dès le premier solo du leader dans « All Rise » : rien de démonstratif, mais une belle inspiration, un son plein, une esthétique proche du jazz cool. Mark Turner et Ben Street sont invités sur « Into Air It Disappears » où la patte du leader de « Fly » est prégnante, alors que Konitz n’est pas loin sur « Yarnin’ » avant de retrouver Turner sur « Reprise », titre éponyme, au tempo medium. On ne résiste pas au jeu chaloupé de Craig Weinrib et aux solos du vibraphoniste Peter Schlamb, surtout sur « August ». On arrive au bout de « Without Haste » sans avoir vu le temps passer : l’album dégage à la fois une grande sérénité, de celle qui vient d’un musicien à la maturité étonnante, au jeu sans esbroufe, visant plus l’élégance que le clinquant, avec un sens de l’équilibre surprenant pour un musicien de cet âge. Un tout bel album.
Jean-Pierre Goffin