Red Kite : Apophenian Bliss
Le cerf-volant rouge rassemble quatre personnalités bien connues dans le milieu du jazz alternatif et de la musique progressive norvégienne. A leur tête, on retrouve le guitariste Even Helte Hermansen (du trio free Bushman’s Revenge) qui signe à nouveau la quasi totalité des compositions, comme ce fut déjà le cas à l’occasion du premier album éponyme du groupe paru également chez RareNoise il y a deux ans. Une exception relevée : « Morrasol » que l’on doit au saxophoniste Gisle Johansen.
Côté musique, il sera question de chaos, d’envolées d’ordre psychédélique façon seventies, fusionnées à un jazz-rock expérimental. Parfois dur… mais pas inabordable. Avec ce « Apophenian Bliss », le quartet exprime ses frustrations. Celles qui sont nées de cette pandémie qui a brutalement mis fin (après une seule date…) à la tournée que le groupe entamait pour défendre son premier album. Chaos à nouveau ! Un chaos lié au contexte politico-sanitaire que l’on connaît et qui met en lumière ceux qui savent (ou croient savoir), au détriment de ceux qui subissent l’information. Red Kite nous pose dès lors cette question : « notre cerveau peut-il déceler le vrai du faux ? ». Dans « Apophenian Bliss », le « Bliss » (la béatitude…) exprime l’ignorance et la passivité dont nous faisons preuve quand quelqu’un (complotiste ou non) nous impose sa vision des choses.
Par la violence du propos, Red Kite répond à sa manière, via cet album enregistré dans l’urgence entre deux confinements, sans jamais être certain que cela pourrait être possible. Vous ne vous étonnerez pas d’être pris à la gorge dès l’ouverture « Astrology (The One True Science) », un titre en clin d’œil, on le suppose. Et si les moments de plénitude existent aussi (« Sleep Tight », « Apophenia »), ce sera le chaos quand même… Et ça, on aime plutôt bien !