Enzo Favata : The Crossing
Le saxophoniste / clarinettiste sarde Enzo Favata est bien loin d’être un inconnu. Il sillonne chaque coin du monde depuis plus de trente ans et possède à son actif une quinzaine d’albums enregistrés en qualité de leader. Par ailleurs, on lui connaît quelques collaborations prestigieuses : Enrico Rava, Trilok Gurtu, Lester Bowie, Dino Saluzi, …
Avant d’enregistrer cet album judicieusement appelé « The Crossing », Favata a formé un quartet qui s’est aguerri à l’occasion de nombreux concerts donnés durant l’été 2020. Outre le leader, ce quartet se compose également du vibraphoniste Pasquale Mirra (qui a collaboré avec Fred Frith, Michel Portal, …) et d’une paire rythmique impressionnante (Rosa Brunello et Marco Frattini). Selon le saxophoniste, ça faisait un bon moment qu’il recherchait un tel encadrement. Néanmoins, aux bandes originales captées en « live », il a ajouté quelques enregistrements qui apportent un réel « plus » aux compositions complexes qui mêlent jazz progressif et influences extra-européennes (on pense à l’Afrique en particulier). Il s’agit notamment de la chanteuse Ilaria Pilar Patassini mais aussi de cordes, claviers ou guitares.
Comme son titre le suggère, « The Crossing » est un album passerelle entre les cultures. Outre l’Afrique – on repère les voix samplées de Malcolm X, Steve Biko et Fela sur un « Black Lives Matter » engagé – le Japon est également salué avec une composition du trompettiste Jun Miyake. Autres temps forts : «Roots » en ouverture (une composition de Ian Carr pour le groupe de jazz-rock Nucleus), la reprise de « For Turyia » (écrite par Charlie Haden pour Alice Coltrane) et « Salt Way » (inspiré du « Fourth World » de la paire Hassell / Eno).
L’album s’achève sur les douze minutes envoûtantes d’un « Oasis » que nous quitterons… pour en redémarrer la lecture à sa première plage. Une belle réussite !