Cyrille Aimée & Michaël Valeanu : I’ll Be Seeing You
D’abord il y a cette magnifique pochette en noir et blanc. Clin d’œil au passé pour la photo et pour le graphisme. Vraiment une belle réussite. Quant à la musique, elle est surgie, comme tellement de productions actuelles, du confinement des artistes. Cyrille Aimée est une jeune chanteuse de jazz française. Elle s’est installée aux States, d’abord à Brooklyn, ensuite à la Nouvelle Orléans. Elle a déjà publié une dizaine d’albums et obtenu quelques prix récompensant sa superbe voix qu’elle magnifie encore par des vocalises, des pointes bluesy comme issues du passé tout comme les touches de scat !
Pour cet album auto-produit, elle est toujours associée au guitariste franco-italien Michaël Valeanu . A eux deux, ils proposent un jazz quelque peu manouche, légèrement swinguant, spontané, inondé de fraîcheur et de tendresse. Un univers musical intime, uniquement composé d’une voix et d’une guitare. Sur des compositions originales ou des reprises, Cyrille chante en anglais, en français et en espagnol. Elle reprend un texte de Pablo Neruda, « La javanaise » de Gainsbourg, mais aussi des classiques tels que « Bye Bye Blackbird » (deux versions différentes sont proposées) ou « You Turned the Tables on Me » d’Ella… A eux deux ils ne peuvent éviter qu’une uniformité d’ensemble s’installe et que les dix morceaux s’écoulent dans une même ambiance, limitée à une belle voix et un subtil et jazzy jeu de guitare. Pour la scène un contrebassiste et un batteur les accompagnent et apportent certainement de la diversification. Elément qui fait quelque peu défaut sur ce disque qui se laisse néanmoins écouter avec plaisir. On apprécie cette belle voix mise en évidence par un efficace égrenage de notes en soutien, mais c’est un peu léger. Ces beautés ne suffisent pas à provoquer un choc. Les émotions sont présentes mais ce choix de duo risque de n’en faire qu’un disque à la portée restreinte. On imagine cependant que le dépouillement et la simplicité furent les lignes de conduite qui s’imposaient, certainement pour être en phase avec leur spirituel et l’époque confinée.