Frédéric Borey : Butterflies Trio + Lionel Loueke

Frédéric Borey : Butterflies Trio + Lionel Loueke

Fresh Sound New Talent

Après un premier double album du « Butterflies Trio » où nous avions apprécié la tradition cool jazz de ce trio sans piano, Frédéric Borey revient avec les mêmes comparses et un invité prestigieux en la personne du guitariste Lionel Loueke, un musicien dont il est inutile de citer toutes les collaborations prestigieuses, de Herbie Hancock à Chick Corea.

« L’idée originale d’inviter Lionel s’est révélée comme une évidence. Ayant tous les trois le plus grand respect pour sa carrière, il s’agissait, au-delà de son originalité musicale, de continuer à placer les relations humaines au premier plan de notre groupe » dit Frédéric Borey au sujet de ce projet. Et c’est clairement le côté très humain, comme une fusion relationnelle, qui marque dans cet album. Onze titres aux ambiances variées, touchant bien sûr au cool déjà évoqué, mais aussi, invité oblige, avec plusieurs références à l’Afrique.

L’album s’ouvre avec « Don’t Give Up » sur une basse lente et une batterie sèche avant que le sax-ténor ne chante la mélodie, lente et délicieuse et déjà un solo lumineux de Lionel Loueke. « Camille » est la seule composition du guitariste dans un style qui lui est propre, avec son début langoureux, le chant doux et un superbe solo de contrebasse de Damien Varaillon. Joué en trio sur un rythme subtilement latino, « Wish » fait partie des thèmes les plus envoûtants de l’album avec ce superbe jeu de cymbale à la fin du morceau. Première pièce au tempo plus enlevé, « Commencement » débute sur les frappes claires de Stéphane Adsuar avant le solo de guitare sur le jeu toujours foisonnant de la batterie. L’ambiance plus africaine sur ce thème se confirme quand Loueke chante sur le solo de contrebasse. « Insomnia » tranche avec l’ambiance générale de l’album : les sonorités plus électriques de la guitare, le doublement des voix de batterie et de guitare confèrent à l’ensemble un côté hors du temps et énigmatique. On retrouve le chant du guitariste sur « Gentlemen’s Agreement » où guitare et contrebasse se partagent l’exposé du thème, retrouvant ici la douceur générale des compositions. « Lou », un duo de Frédéric Borey et Lionel Loueke, ici aussi au chant, est d’une volupté sans nom qui contraste avec « Do Hwu Wantu » aux rythmes volontiers obsédants et où Loueke chante en béninois. « Snowscape » clôture l’album en trio sans guitare et sonne comme un au-revoir méditatif et respectueux du trio à son invité.

Voilà un album plutôt différent de ce que le saxophoniste a présenté sur l’opus précédent, avec une ambiance, un ton, qui créent un envoûtement permanent et une atmosphère originale qui dominent tout ce très bel album.

Jean-Pierre Goffin