Ibrahim Maalouf ‐ Le voyage multicolore (Liège, 10/04/2022)
Aller à un concert de Ibrahim Maalouf, c’est avoir la certitude de partir pour un voyage à travers le monde.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Monsieur Ibé, et je doute que vous soyez nombreux, le petit Ibrahim est né à Beirut en 1980, autant dire à une époque compliquée qui va nourrir son imaginaire. Né d’un père trompettiste de génie, Nassim, et d’une mère virtuose du piano, Nada, il suivra fièrement la voie dessinée par ses parents.
De son père, en plus de son apprentissage du jazz classique et d’une expérience des plus grandes scènes mondiales, Ibrahim a hérité d’un outil qui lui était prédestiné. Inventeur de la trompette à 4 pistons, rendant possibles les quarts de tons et les modulations microtonales si chères à la musique classique arabe, Nassim fit entrer la culture arabe dans le monde du jazz, et Ibrahim l’a fait sienne.
Sa mère, quant à elle, transmit à Ibrahim un amour certain pour le piano, même s’il reconnaît lui-même volontiers ne pas être un pianiste, mais n’hésite pas à aller au charbon dans bon nombre de ses morceaux (même sur scène). En plus de ça, Nada lui a transmis ses racines, originaires d’Amérique du Sud. Rien d’étonnant, donc de retrouver ces sonorités latines dont il s’amuse dans son album « S3NS ».
Un voyage, donc. Un voyage aux couleurs du désert, des oasis, des palmiers et du sable brûlant, un voyage au plus près des bouleversements les plus horribles qu’une vie puisse endurer, mais aussi aux sons de la fête, aux teintes orangées et chaudes du soleil de cuba, de la pampa, des forêts verdoyantes de l’Amérique du Sud.
Une promesse de voyage tenue largement ce dimanche au Forum de Liège où, entouré d’une formation aussi prestigieuse que parfaitement à sa place, le petit génie du pays des mille et une nuits a exaucé tous nos vœux, sans même qu’on ait à frotter la lampe magique !
Pour cette occasion, Ibrahim Maalouf était entouré de bon nombre de ses musiciens habituels, mais aussi de quelques génies latinos, pour donner à ces « quelques mélodies… » toute la chaleur et tout le soleil qu’elles méritent. Car si les traditionnels mais néanmoins excellentissimes « Beirut » ou encore « Nomade slang » ont permis de rendre un hommage vibrant aux victimes de la guerre en Ukraine, et, bien sûr, à ses origines arabes (ou plus précisément libanaises), l’Amérique du Sud et son énergie était aussi de la partie grâce aux morceaux tels que « Una Rosa Bianca », « Radio Magallanes », ou encore « S3NS ».
C’était un spectacle homogène mais varié, touchant par moment, énergisant à d’autres. Un spectacle tout en envolées et en légèreté, nous emmenant aussi haut qu’il pouvait mais en prenant garde que l’atterrissage se fasse en douceur, en délicatesse et en finesse.