Sarab : Arwah Hurra

Sarab : Arwah Hurra

Matrisse / L’Autre Distribution

Sarab est un groupe franco-syrien composé de six musiciens qui jouent un jazz-rock qu’ils définissent comme « arabe » et ceci est leur deuxième production. Quant au titre de cet album enregistré aux Studios ICP de Bruxelles, ils le traduisent par « Âmes libres ». Libre comme leur musique qui unifie le jazz contemporain avec la richesse des musiques traditionnelles du Moyen-Orient. Derrière la douce voix de la chanteuse Climène Zarkan, cinq musiciens se partagent guitare, trombone, claviers, basse et batterie. Régulièrement, la formation est rejointe par des cuivres, des percussions, un saz, puis d’autres chanteurs. Ce qui nous vaut quelques insertions de textes en français. Outre ces mélanges entre tradition et musique aux accents jazz, des voies plus contemporaines (hard-rock, électro) sont exploitées et elles s’infiltrent avec bonheur dans les compositions. Je pense principalement à ces gros sons de guitares qui apportent des contrastes avec leurs réminiscences au stoner rock voire au hardcore ! Il fallait oser ces insertions, mais c’est une réussite. D’autant plus qu’elles se placent sans effet d’annonce, du pur inattendu. Comme des ouvertures de frontières ! Entre une danse arabisante (« Lilith’s Samaii » mais avec un encart metal !) ou un morceau à la base trip hop mais ensuite dévoyé (« Nahnu Haraq, Etranger est un verbe » chanté / éructé par l’écrivain de science-fiction Alain Damasio !), le groupe joue aussi en formation serrée, telle une fanfare, sur d’autres morceaux. Quand il ne rajoute pas du reggae dub à toutes ces autres mixtures (« Ma Bahwa had »). Mais toujours, il place la touche ethnique arabisante au coin d’un couplet ou d’un refrain.

Ce brassage musical n’aurait pu être qu’un nouveau disque touche à tout, mais le groupe, aussi grâce à la voix féminine et à cette guitare explosive (issues des deux membres fondateurs de Sarab), impose sa propre définition du métissage. Ce groupe dont la musique de base invite autant de styles parvient sans peine à garder le cap. Une belle découverte.

Claudy Jalet