Binker & Moses : Feeding the Machine

Binker & Moses : Feeding the Machine

Gearbox

Soit Binker Golding (soprano et ténor) + Moses Boyd (fûts), les pionniers d’un jazz londonien en fusion depuis une dizaine d’années. « Feeding the Machine » est leur premier album studio depuis « Journey to the Mountain of Forever » (2017), lequel précédait deux albums « live » (« Alive in the East ? » et « Escape the Flames ») à intervalles réguliers de deux ans. Entre-temps, chacun a pu goûter aux plaisirs solitaires. On se souvient de l’offrande de Binker, « Abstractions of Reality Past and Incredible Feathers » il y a moins d’un an, tandis que Moses entamait sa discographie personnelle avec un « Dark Matter » nominé au Mercury Prize, ceci parallèlement à un autre projet, Exodus, qu’il pilote à la tête de sacrées pointures (Binker, mais aussi Theon et Nathaniel Cross, ainsi que le guitariste Artie Zaitz). Vous me direz qu’avec tous ces noms, ces titres et ces références, je suis en train de noyer le poisson avant de vous apporter une mauvaise nouvelle… Absolument pas : je vous plante le décor…

« Feeding the Machine » donc… Enregistré en trois jours dans les studios Real World par Hugh Padgham (The Police, Peter Gabriel, …) et qui offre un espace d’expression à un troisième larron, l’électronicien Max Luthert, un collaborateur de longue date (oui, encore des noms, mais promis, j’arrête ici).

Le principe ? Sinon une remise en question, un petit changement de cap quand même dans l’existence Free de B&M. Le duo est arrivé dans le studio nu comme un ver et les mains vides. A charge pour eux et avec le renfort de Luthert d’improviser une suite de six titres variant de trois à onze minutes de longueur… Résultat : un jazz ambient hypnotique où se confrontent les saxophones et les drums à leur propre image échantillonnée et déformée. Sur cette nappe de sons diffus, Binker et Moses posent leurs signatures : des solos déchirants, un rythme posé, des sons martiens. Un concept excitant dont les effets ont probablement échappé aux antagonistes eux-mêmes. Il est bien question ici de laisser la musique décider et emporter le morceau. Si ça marche ? A fond ! Attention même : « Feeding the Machine » peut provoquer une accoutumance irréversible !

Binker & Moses au Festival International Mithra Jazz à Liège ce vendredi 13 mai.

Yves Tassin