Véronique Gillet / Quatuor Zemlinsky : Quatuors pour le monde d’hier
Depuis bien longtemps, discrètement et sans faire de vagues, Véronique Gillet se fraie une voie personnelle qui fusionne les musiques du monde et la musique purement classique. Guitariste depuis l’âge de sept ans (de nombreux festivals à son actif), elle s’est nourrie aux influences hispaniques (Enrique Granados, Manuel de Falla, Isaac Albéniz), mais aussi, en parallèle, aux chants des immigrés italiens et espagnols qui habitaient dans son voisinage. Et elle a beaucoup d’autres cordes à son arc ! Passionnée de musique ancienne, Véronique Gillet a fait partie du célèbre Collegium Vocale de Gand dirigé par Philippe Herreweghe. Enfin, elle s’est lancée dans la composition de façon autodidacte, ce qui a attiré l’écoute intéressée d’un certain Egberto Gismonti, devenu son mentor. Aujourd’hui, la discographie de cette musicienne est riche d’une dizaine de références : en solo, mais aussi en duo, avec Jean-Christophe Renault (lui aussi présent au catalogue du label Flak), avec le joueur d’oud tunisien Moufadhel Adhoum, avec le joueur de saz et chanteur turc Emre Gültekin, ou encore avec le chanteur sicilien Paolo Zarcone, …
Au cours de l’édition 2014 du Festival de Stavelot (dédié à la musique de chambre), Véronique Gillet a rencontré les membres du quatuor à cordes pragois Zemlinsky, avec lesquels le courant est passé parfaitement… Au point de leur composer expressément deux longues œuvres : « Attic Suite » et « Ombres chinoises ». Sont également présentes ici, deux autres compositions plus courtes, à l’origine destinées à être jouées à la guitare seule, mais retranscrite sur ce disque pour quatuor à cordes et pour quatuor plus guitare en ce qui concerne le dernier titre « La dernière fable de Vijaya ».
Avec ce titre « Quatuors pour le monde d’hier » et cette pochette inspirée d’une sidérurgie liégeoise autrefois prolifique (très belle photo que l’on doit à Dominique « Goldo » Houcmant), on ressent forcément une pointe de mélancolie. Mais subsiste aussi l’ardeur qui caractérise Liège, la ville dont provient la compositrice. Certains retiendront l’intelligence des compositions, la ferveur du propos ou la dextérité des musiciens… Pour ma part, je rejoins tout à fait le ressenti d’Egberto Gismonti, séduit par cette musique : « Je souhaite que de nombreuses personnes de nombreux pays et continents puissent vivre avec cette musique en gardant les yeux fermés et le cœur ouvert ».
NB : le Quatuor Zemlinsky sera présent au Festival de Stavelot cette année ‐ le jeudi 11 août (œuvres de Hugo Wolf et de Schubert).