Tiri Carreras : Elan vital
Quand nous sommes saisis par la difficulté, voire l’impossibilité, de décrire des sons en mots, nous nous réfugions souvent derrière d’opportunes allégories pour tenter de les cerner. A l’endroit de l’indicible, de l’innommable, les images valent parfois mieux que des phrases. L’écoute de la musique de Tiri Carreras nous conforte dans cette conviction. Ce ne serait pas lui rendre hommage que de vouloir l’affubler d’adjectifs ou d’adverbes. Elle ne se disserte guère, elle s’écoute. « Elan vital » se déploie tel un quadriptyque, chaque pièce avoisinant la dizaine de minutes. C’est un album solo où Tiri joue de la batterie et diverses percussions qu’il taquine avec des objets et un archet, mais dont la trame finale s’avère d’une extraordinaire richesse. « Comment un homme seul peut-il produire une telle symphonie de timbres ? » se demande, à juste titre, Pascal Vigier dans la bio qui accompagne le disque. La question est bien celle-là et pas une autre. Elle demeure sans réponse immédiate. Enregistré au cours de l’hiver 2021, « Elan vital » porte en lui l’ardeur de son créateur, mais suggère également un remède contre les affres induits par le confinement. Comme à l’habitude chez le Petit label, la pochette est magnifiquement dessinée (par Hélène Balcer) et imprimée en un petit tirage sur un épais carton qui tient bien en main.