Aurélien Bouly : Okun
Pleine de vie et de couleurs, la pochette accroche. Aurélien Bouly, qui en est le peintre, a intitulé son disque « Okun », qui signifie « corde » en yoruba (une langue parlée à Cuba dont les origines viennent d’Afrique de l’Ouest). Cette corde, il faut la comprendre comme un lien, un fil d’ariane qui relie diverses entités et/ou activités : d’abord, la musique et la peinture du leader, deux expressions différentes du même amour que l’artiste porte à Cuba, ses ambiances et sa musique ; ensuite, le jazz et la rythmique cubaine, le premier personnifié par Aurélien, compositeur et guitariste au jeu éclectique, et la seconde incarnée par Lester Alonso Vazquez, percussionniste et chanteur né à La Havane en 1975, mais aussi métisseur de génie surnommé avec pertinence « El Camaleon ».
Dans cet album, Aurélien et Lester sont entourés par un groupe de musiciens français (le bassiste Jean-Luc Pagni, le trompettiste Hippolyte Fèvre, le saxophoniste Matthieu Vernhes, le violoniste Laurent Zeller et le guitariste Stéphane Morin) et cubains (le percussionniste Francisco « Pancho » Gonzales Amador et la chanteuse Anaïs Ramos). Aussi varié qu’épicé, le répertoire mêle des standards bien connus du jazz latin comme « Afro Blue » de Mongo Santamaría, « Mambo Influenciado » de Chucho Valdes ou le boléro le plus célèbre de l’Amérique latine, « Besame mucho », composé dans les années trente par la pianiste mexicaine Consuelo Velázquez, à des titres moins attendus dont la composante latine a été amplifiée : « Gibraltar » de Freddie Hubbard, le célèbre « Song for My Father » d’Horace Silver fort bien arrangé avec violon et marqué par une splendide partie de flûte, ainsi qu’une amusante version de « La Marseillaise » créolisée en danzón et chantée par Anais Ramos. Les cuivres balancent des riffs qui font chaud au cœur et à l’âme ! Et tandis que les ombres de Merceditas Valdés et de Celeste Mendoza planent, voilà qu’on se prend à vouloir danser dans la nuit étoilée qui tombe sur El Callejón de Hamel.
Aurélien Bouly a aussi apporté quelques compositions originales comme « Urban Bolero » et « Misterio Divino », avec ses chouettes solos de guitare et de trompette, qui s’insèrent comme les pièces d’un puzzle dans le répertoire du groupe. Et puis, il y a le court « Conga Ponto Combo », dont le titre parodie celui du spectacle Django à Pontault-Combault, un clin d’œil pour rappeler que la première source d’inspiration d’Aurélien Bouly reste la musique de Django Reinhardt et le Jazz manouche.
Incontestablement, à l’écoute d’« Okun », on vibre au rythme des congas … et comme chacun sait, quand on vibre, c’est que la musique est bonne !