Max Vandervost : Le zot avec du brol
Un album de Max Vandervorst, c’est quelque chose ! Et quand il le joue sur scène, ça vaut le déplacement !
L’atelier de Max Vandervorst, le magicien de l’invention sonore, créateur d’instruments de musique et créateur de la « Maison de la Pataphonie » à Dinant. Depuis des années, il crée des instruments en partant d’objets du quotidien : « Ça fait quarante ans que je fais le « zot » avec du brol ! Et toujours avec autant de plaisir. »
«Sincèrement, on ne sauvera pas la planète en tapant sur des boites de conserve.»
Dans son atelier, on découvre ce brol instrumental qui a servi de base à ce disque qui sort chez Homerecords, intitulé « La Petite Musique des choses », douze titres de musique originale, acoustique et imagée, oscillant entre sonorités folk, classiques et jazz… Des formes rythmiques résolument traditionnelles : valse, tangos, polka, ragtime, cakewalk, mais aussi quelques élucubrations plus fantasques. Des petites musiques nées lors du confinement et/ou inspirées par des voyages lointains et interprétées sur des objets du quotidien recyclés. « Recyclage », le mot est lâché : « Recyclage, le choix que j’ai fait vient-il d’un souhait écolo ? Sincèrement, on ne sauvera pas la planète en tapant sur des boites de conserve. On peut attirer l’attention sur des choses, mais à un moment donné ça fait des calculs de légitimité, d’impact carbone etc… L’autre jour, on m’invite pour un spectacle à donner sur le zéro carbone, mais je devais voyager beaucoup… Alors, je leur ai dit : si on veut être cohérent, je fais le spectacle chez moi pour moi tout seul et on dit aux gens de lire un livre chez eux… On devient un peu fou avec cette histoire… Maintenant, je pense qu’il faut changer des choses au niveau macro… Si je suis appelé pour des causes durables ou zéro déchets, je le fais en toute modestie, sans prétention. Je ne surfe pas sur la vague. Je fais partie de cette vague. Mais les choses évoluent un peu : dans une classe, une petite fille m’avait dit : « Beerk ! Vous faites de la musique avec ce qu’on trouve dans les poubelles ! » Aujourd’hui la même petite fille me dirait : « Ah ! vous faites du recyclage ! ».
«Il me manquait un fer en si bémol pour jouer la première Gnosienne de Satie !»
Dans l’antre magique du créateur, on découvre le « Spalafon » composé de bouteilles de Spa en plastique sur lesquelles Max nous fait une démonstration d’électro acoustique. Récente création enfin terminée, une collection de vieux fers à repasser collectés pendant dix ans – « il me manquait un fer en si bémol ! » – pour obtenir l’ensemble sonore sur lequel il joue la première « Gnosienne » de Satie. On passe ensuite au bouteillophone bordelais : « Car les bouteilles de Bordeaux sont idéales, les Bourgogne sont trop épaisses ! » Le conservatoire forme une espèce de steel drums jamaïcain confectionné au départ de boîtes de ravioli ! Il y a encore l’aéropercutophone formé de tuyaux d’évacuation en plastique sur lesquels on tape avec des tongs (on l’appelle aussi « savatophone !). Là, il nous joue un « honky tonk tong ».
«En Inde, on m’a interdit de jouer avec des bouteilles de bière. J’ai interprété «Chef un p’tit verre on a soif» avec un bac de Vittel…».
Cette panoplie d’instruments sortis de son imaginaire, et pourtant bien réels, Max Vandervorst les présente sur scène. Le succès visuel est autant présent que le succès musical ! A l’étranger aussi, Max a tourné dans plus de trente pays, avec les problèmes que cela implique… Imaginez le transport de cette instrumentation spectaculaire : « Transporter les fers à repasser, on oublie, ça fait 65kg. Les boîtes de conserve, c’est le problème du volume… On a souvent des demandes pour des pays lointains comme le Japon, mais les frais de transport sont tellement énormes pour le matériel que ça devient impossible. » Sans compter les complications parfois philosophiques : « Quand on est allé en Inde, on avait deux ou trois petites malles, le tout faisait nonante kilos, c’était une tournée de régions de la Francophonie où on avait beaucoup de déplacements en avion.
La base du spectacle, c’étaient les bouteilles de bière qui ne prenaient pas trop de place, sauf que la veille d’un spectacle, on m’a interdit de les utiliser pour des raisons philosophiques. J’ai donc fait le spectacle avec un bac de Vittel et j’ai joué « Chef un p’tit verre on a soif » sur des bouteilles d’eau… » Des voyages lointains dont il ramène parfois des sons qui inspirent une composition de l’album : « Après une tournée au Bangladesh et en Inde où on avait du mal à dormir tant les nuits bourdonnent sur les sons des klaxons et sonnettes de vélos, on a imaginé utiliser des klaxons pour la « Bombay Polka ».
Pour l’enregistrement et le spectacle à ne pas rater au Marni le 8 octobre, Max Vandervorst est entouré de Aurélie Goudaer au violon, Michel Massot au tuba, Stephan Pougin aux percussions et Frank Wuyts aux claviers.
Max Vandervost
La Petite Musique des choses
Homerecords
En concert au Théâtre le Marni ce samedi 8 octobre.