Niton : Cemento 3D
C’est d’abord un objet. Un objet curieux, inhabituel, hors format. Un flexi-disc de forme carrée. Mais le plus surprenant tient dans le fait que c’est l’emballage, un plastique transparent gravé de sillons, qui se trouve en réalité être le disque tandis que ce qu’il contient, le disque, ou plutôt sa (con)figuration en carton, s’avère inaudible car injouable sur une platine. En jouant sur la dialectique opposant contenu et contenant, le designer Alfio Mazzei, à qui a été confié sa réalisation, induit une réflexion sur la notion du support physique et sa disparition de plus en plus persistante dans la sphère musicale. C’est au trio Niton que revient la paternité de ce projet.
Paradoxalement, un cdr accompagne le flexi-disc objet… Preuve en est que l’idée n’a pas été menée jusqu’à son terme puisqu’on en revient, quasiment toujours, au support, comme par destination, comme par fatalité. « Cemento 3D » est le troisième album de ce trio qui réunit deux musiciens italiens pratiquant l’électronique et le violoncelliste suisse Zeno Gabaglio ; un trio actif depuis très exactement une décennie. Il est le résultat d’un collationnement de sons glanés pendant plus de cinq années dans des endroits aussi variés que des théâtres, des studios d’enregistrement, des abords de lacs alpins, des églises romanes et une usine à ciment. Savant dosage entre électronique et acoustique, entre atmosphères bruitistes et ambiantes, il s’adresse (faut-il le préciser ?) à des auditeurs curieux.
