Thierry Eliez : Emerson Enigma

Thierry Eliez : Emerson Enigma

Dood Music Record / L’Autre Distribution

Nostalgiques de The Nice mais surtout d’Emerson, Lake and Palmer, approchez. Vous êtes conviés à un hommage au claviériste de ces deux groupes anglais, à savoir l’exubérant Keith Emerson, dont les prestations scéniques incluaient des « attaques » sur ses claviers à coups de couteaux et de sons trafiqués. La musique se mouvait dans le rock progressif avec régulièrement des insertions de passages classiques, voire un peu de jazz. Emerson vouant un culte à des musiciens tels que Bach, Bartok, Moussorgski (le fameux « Pictures at an Exhibition »), Prokofiev, mais aussi Oscar Peterson ou Jimmy Smith. Après des années de gloire, de shows grandioses et quelques albums incontournables, c’est leur virage vers le rock fm américain qui les a vus s’effondrer. Le pianiste et improvisateur français Thierry Eliez et Keith Emerson se sont rencontrés à Los Angeles, une belle amitié s’est installée. Hélas, Keith souffrant de divers traumatismes, s’est suicidé en 2016. Son ami français a décidé de lui rendre hommage au travers de cet album qui associe des morceaux originaux d’ELP, des œuvres classiques et aussi des improvisations. Cela d’une manière acoustique, en utilisant simplement un piano, un quatuor à cordes (dénommé « Manticore », du nom du label créé par ELP) et les voix de Thierry Eliez et Ceilin Poggi (ancienne élève de Youn Sun Nah). Pour peu que vous soyez coutumier de l’univers du trio anglais vous reconnaitrez des extraits de « Tarkus », de « Pictures at an Exhibition », de « Brain Salad Surgery », de « Trilogy ». Et pour les vraiment accros, Eliez a même pioché dans « Five Bridges » de The Nice.

Mais cet album ne copie pas, il y a une réelle nouvelle orientation qui est donnée aux morceaux. Le côté « pompeux » est délaissé pour laisser place à des sonorités claires, acoustiques, qui invitent le classique, le jazz, l’improvisation, le scat, et parfois un petit rappel du progressif. D’où surgissent les thèmes connus du trio mais joués simplement par un pianiste virtuose et une magnifique section de cordes. J’avais quelques réticences en découvrant l’objet, art cover au design prog ainsi qu’un double poster, mais l’approche qu’a faite Thierry Eliez de la musique d’Emerson mérite d’être découverte. Et appréciée.

Claudy Jalet